Attention! risque de chutes de palmiers infestés à Nice

Si vous ne l'aviez pas vu, je vous invite à regarder le reportage de France 3 du 5 novembre 2016, diffusé le soir même dans l'édition du journal régional de 19h00, suite au passage de Michel Ferry à Nice.

Au préalable je voudrais rappeler que l'arrêté du 21 juillet 2010 avec ses modifications successives s'adresse à tous le propriétaires de palmiers publics et privés. Les transgressions à cet arrêté tombent sous le coup de l'article L251-20 du code Rural.

Cet arrêté :

1) déclare que la lutte contre le charançon rouge du palmier est obligatoire sur tout le territoire national;

2) impose aux propriétaires de palmiers situés dans une zone contaminée (ce qui est le cas de Nice depuis au moins 2012 voir arrêtés préfectoraux du 31 janvier 2012 et le dernier en date du 12 mai 2016) de faire traiter préventivement leurs palmiers et en cas d'infestation constatée de les faire assainir ou abattre par un professionnel agréé CRP dans les 15 jours ;

3) spécifie les stratégies de traitements qui doivent être utilisées au choix du propriétaire

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Reportage France3 Côte d'Azur le 5 novembre 2016 (Emmanuel Felix, Jean-Paul Bierlein, J. Gross)

Les dialogues sont transcrits ci-dessous mot pour mot.

- France3 :
Le charançon rouge continue de tuer les palmiers du littoral de toutes les régions autour de la Méditerranée, le paysage de la Côte d'Azur est maintenant défiguré.
Michel Ferry est un spécialiste de cette maladie. Il est revenu dans la région aujourd'hui. Il estime que la situation est dramatique notamment dans la Ville de Nice où les 1500 palmiers de la Promenade des Anglais sont en danger.

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Le charançon rouge, une calamité pour la Promenade des Anglais ! Un an après, le constat est amer pour le chercheur Michel Ferry. Le charançon continue d'infester et de tuer en nombre les palmiers niçois. En 2015 le spécialiste avait dénoncé l'inefficacité des traitements et des mesures prises par la ville de Nice pour lutter contre cet envahisseur.

161106 france3- Michel Ferry :
La stratégie de la Mairie repose sur les traitements "bio". C'est bien les traitements bio! nous avons beaucoup travaillé sur le bio, qui implique en haut de la tête d'un palmier.., vous douchez la tête du palmier avec des vers microscopiques et vous protégez le palmier. Le gros problème de cette technique c'est qu'il faut traiter tous les mois car ces petits vers, ils meurent, donc ça coûte très cher.

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- France 3 :
depuis de nombreuses années Michel Ferry prône l'utilisation d'une autre technique pour éradiquer le charançon rouge, comme dans les communes de Fréjus et Saint-Raphaël dans le Var.

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- Michel Ferry :
On injecte dans le palmier un insecticide qui va monter en haut, là où se trouvent les charançons, et les pontes que vont faire les femelles vont mourir. Le palmier va être protégé et surtout le charançon va disparaître car ses pontes vont échouer. Non seulement on sauve le palmier mais on fait régresser la population de charançons ce qui est quand même fondamental.

- France 3 :
Du côté de la mairie de Nice et de la responsable des espaces verts, l'utilisation du bio est une mesure de santé publique non négociable.


- Marie-José Petichou responsable des Espaces Verts :
la Ville a fait le choix du bio, du zéro phyto, il y a déjà de nombreuses années. On l'applique et on continuera à l'appliquer. Il n'est pas question d'aller remettre ces produits chimiques au travers d'une promenade comme la Promenade des Anglais ne serait-ce que là, où encore moins dans des jardins d'enfants.

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- France 3 :
Cette année malgré le traitement mis en place par la ville de Nice une quarantaine de palmiers ont disparus. pour compenser les pertes et conserver le patrimoine vert niçois une campagne de replantation a vu le jour. Des palmiers dattiers ont remplacé les palmiers des canaries majoritairement infectés, coût total de l'opération plus de 350 000€

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 Attention! risque de chutes de palmiers infestés à Nice

Contrairement à ce que sous entend la Directrice des espaces verts de la Ville dans son interview lors du reportage de France 3 (voir ci-dessus), ce ne sont pas les traitements insecticides par endothérapie qui pourraient faire courir un risque aux promeneurs sur la Promenade des Anglais ou aux enfants jouant dans les parcs à proximité de palmiers qui auraient pu être traités de cette façon, mais bel et bien le fait de laisser des palmiers infestés pendant des semaines voire des mois sans les assainir ni les abattre en contravention avec l'arrêté du 21 juillet 2010 et le code rural.

En ce qui concerne l'endothérapie à base d'émamectine benzoate, le seul risque que la Ville courait était celui de pouvoir sauver ses palmiers (Avis de l'ANSES du 26 février 2016) car le risque sanitaire et environnemental était, lui, considéré comme acceptable par l'ANSES (Avis du 29 janvier 2014)!
La Directrice des Espaces Verts de la Ville ne pouvait les ignorer. Le fait de laisser sous entendre au contraire que ce type de traitement serait dangereux pour les promeneurs et les enfants nuit gravement aux propriétaires de palmiers en jetant le trouble dans les esprits alors qu'elle n'a pas autorité pour le faire.

Elle ne peut pas ignorer non plus que le risque de chute de palmes des Phoenix dont les pinules acérées sont dangereuses et pesant quelques kilos, et le risque de chute de tête de palmiers qui peuvent peser plusieurs centaines de kilos voire dépasser la tonne sont avérés. Ces risques sont d'autant plus importants que le palmier est plus haut et que l'infestation est restée plusieurs semaines ou mois sans assainissement, ce que l'on peut constater malheureusement un peu partout dans Nice (voir dans notre rubrique "Photos témoignages", les photos qui nous ont été transmises par notre correspondant sur place).  C' est tout à fait inquiétant car le risque d'accident corporel est bien réél. Il a fait l'objet d'une note spécifique du Ministère et de la FREDON à l'attention des municipalités sur laquelle il est clairement mentionné :

"En cas de chute de palmiers infestés par le charançon rouge sur la voie publique, les municipalités peuvent être tenues responsables des conséquences"
.

Par ailleurs la Ville semble ignorer également le Vade mecum réalisé à l'intention des collectivités territoriales par le COPIL PACA ( * voir extrait ci-dessous) !

(*) 3- Les palmiers contaminés représentent un risque de sécurité publique
Les larves de charançon fragilisent les tissus du végétal en creusant des galeries et des cavités au sein du stipe. Les symptômes ne sont visibles de l'extérieur qu'à partir d'un
certain stade d'infestation.
Dans la plupart des cas, c'est la partie apicale du palmier qui est attaquée. En cas de vent violent ou de forte pluie, les palmes coupées à leur base par les larves de l'insecte, voire la
tête entière du palmier, peuvent tomber au sol lorsque la couronne est affaissée.
Enfin, dans certain cas, le palmier est attaqué à la base et le palmier peut chuter entièrement. Si la masse d'une palme est de quelques kilogrammes, celle de la tête entière
peut aller jusqu'à la tonne. Les dégâts matériels peuvent être importants et des accidents graves, voire mortels, de personnes sont possibles.
En 2012, deux cas de chutes de palmiers dues au charançon rouge ont été officiellement enregistrés en PACA. En 2013, un nouveau cas a été signalé en région Languedoc-Roussillon. D’autres pays comme l’Espagne et l'Italie recensent des phénomènes similaires.

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La Ville de Nice remplace des palmiers Phoenix canariensis par des dactyliféra, est-ce un choix judicieux?

 Autre paradoxe à relever dans cet interview, les repoters nous disent que la Ville aurait déjà dépensé 350 000 euros pour remplacer des palmiers Phoenix canariensis par des dattiers (Phoenix dactyliféra). Là encore on peut se demander si la Ville a bien pris en considération le fait que le charançon rouge a fait des ravages sur les palmiers dattiers dans tout le bassin méditerranéen. Si aujourd'hui il lui préfère provisoirement le Phoenix, il ne se privera pas, demain, n'ayant pas été éradiqué, de revenir sur le dattier. Or le dattier présente un risque accru de chutes et d'accidents en cas d'infestation car les attaques des charançons peuvent se faire latéralement sur le stipe sans qu'elles puissent être décelées au niveau de la couronne. Ils créent des caries qui affaiblissent le palmier qui finit par s'écrouler comme en témoignent les photos  ci-dessous relevées dans différents médias :

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Malheureusement la Ville de Nice nous offre cet automne 2016 un spectacle affligeant car de nombreux palmiers patrimoniaux sur la Promenade des Anglais, sur la Promenade du Paillon (La coulée verte), dans les jardins municipaux tels le Castel des deux Rois,... restent infestés de charançons pendant des mois sans être traités contribuant ainsi à la dissimination dans l'environnement de centaines de charançons qui peuvent infester d'autres palmiers situés sur le domaine public ou privé. Le charançon est capable de voler sur plusieurs centaines de mètres voire quelques km. La Ville semble ignorer le grave danger que font courir ces palmiers infestés à la population et le comble c'est que ces palmiers infestés sont même décorés de guirlandes de Noël. Les photos envoyées par notre correspondant à Nice en sont témoins : voir notre article "Nice, les palmiers infestés se font enguirlandés".

Espérons toutefois que le nécessaire soit fait rapidement pour sécuriser les palmiers infestés afin que tout accident corporel soit évité, c'est bien entendu le but principal de cette alerte.

Nous ne pouvons pas imaginer que la Ville de Nice, qui a été pratiquement la seule à notre connaissance à prendre dès le 8 février 2011 un arrêté municipal pertinent pour obliger les propriétaires indélicats à faire traiter leurs palmiers infestés (voir article 8), ne respecte pas elle-même ce qu'elle impose à ses concitoyens !

Autres exemples de palmiers infestés non traités dans le Parc Castel des deux Rois : (Photos Google maps)
Photo 1
Photo 2

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