Lutte contre les ravageurs de palmiers, réunion du 26 novembre 2015

 

La lutte contre les ravageurs de palmiers, réunion du 26 novembre 2015 Fréjus

2015 une situation catastrophique !

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Compte rendu de la réunion :

La réunion publique, organisée par la Ville de Fréjus en partenariat avec le Collectif méditerranéen pour la
sauvegarde des palmiers (CMSP), s'est tenue le 26 novembre salle municipale à Port-Fréjus en présence de
230 personnes.

Intervenants :

François Latouche, conseiller municipal de la ville de Fréjus, délégué aux espaces verts

Nello Broglio, vice-président de la CAVEM, maire des Adrets de l'Estérel

Yves Plancq, directeur adjoint du service des interventions de la ville de fréjus

Daniel Chabernaud, propriétaires de palmiers et représentant du CMSP pour la CAVEM

Michel Ferry, chercheur à l'INRA, directeur scientifique de la Station Phoenix à Elche (espagne)

Anne Roberti et Roland Pélissier, président de la FREDON-PACA (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles)

Frédéric Ferrero, directeur du service Environnement E3D de la CAVEM

Yves Jacob, directeur du service Environnement de la ville de Fréjus

Guy Hily, président du CMSP (Collectif Méditerranéen pour la Sauvegarde des Palmiers)

Yves Pia, membre du CMSP et de l'association les Fous de palmiers

Jean-Luc Peter, président de l'association les palmiers du Pays vençois.

 

François Latouche, conseiller municipal, délégué aux espaces verts, a tenu d'abord à affirmer l'intérêt que
portait le Maire de Fréjus à la sauvegarde des palmiers et le soutien de la Ville de Fréjus au CMSP. Après un
accueil sympathique des participants, il a passé la parole à Nello Broglio, vice-président de la CAVEM en
charge de l'environnement.

Discours d'accueil de Monsieur François Latouche

 

Nello Broglio : cette réunion est le point de départ à la mise en place d'un plan d'action de la CAVEM
qui passe par l'organisation d'une lutte collective coordonnée entre les propriétaires publics et privés de
toute l'agglomération pour arriver à sauvegarder notre patrimoine végétal et éradiquer les ravageurs de
palmiers. En tant que médecin, il a comparé le problème de l'éradication du charançon rouge du palmier
(CRP) à celui de la vaccination contre un virus dont l'efficacité est liée au pourcentage de la population
vaccinée. Même si certains palmiers ne pouvaient être traités, ils bénéficieraient de l' « effet vaccin » par la
réduction de population des charançons résultant de la majorité des palmiers traités.

Discours de Monsieur Nello Broglio : l'engagement de la CAVEM

 

Pour Michel Ferry, chercheur à l'INRA, directeur scientifique de la Station Phoenix d'Elche en Espagne, nous
n'avons plus le choix. Soit la lutte collective est engagée au printemps prochain, soit ce sera terminé, les
charançons auront gagné et cela ne servirait à rien de continuer à dépenser de l'argent pour traiter
inutilement au cas par cas.

Présentation de Michel Ferry :

La stratégie de la dernière chance  (Michel Ferry & Susi Gomez) 

 

Michel Ferry a montré l'intérêt et surtout l'efficacité de ce traitement par endothérapie, mis au point par l'INRA,
utilisant l'émamectine benzoate ( "Revive" produit par Syngenta) dans le cadre d'une stratégie collective
d'éradication du CRP (charançon rouge du Palmier) car il permet de protéger les palmiers pendant un an,
période pendant laquelle ils deviennent de véritables pièges à charançons en empêchant les larves de se
développer et réduisant ainsi considérablement la population des CRP. Sa simplicité d'application : 4 trous
effectués dans le stipe (tronc) du palmier à hauteur d'homme, ne requiert pas plus de 5mn d'intervention
par palmier, et permet donc de traiter de très nombreux palmiers en peu de temps dans des chantiers
groupés et continus avec des coûts de main d'oeuvre très faibles.

Par ailleurs ce traitement, dont l' impact sur l'environnement a été jugé acceptable par l' ANSES (Agence
nationale de sécurité sanitaire) dans son rapport du 29 janvier 2014, présente de nombreux avantages. En
effet , bien que le produit soit un insecticide chimique, il reste confiné à l'intérieur du palmier sans aucun
contact avec l'extérieur alors que les 2 autres protocoles de traitement prévus par la loi nécessitent la
pulvérisation d'un insecticide à base d' imidaclopride. La molécule de benzoate d' émamectine utilisée dans
le « Revive » se dégrade très rapidement à la lumière. Elle est utilisée pour traiter les fruits et légumes avec
un délai avant récolte très court de 3 à 5 jours. Et dans le cadre d'une lutte collective son utilisation serait
limitée à 2 ou 3 ans pour éviter de fragiliser les palmiers par des blessures mécaniques répétées.

La situation actuelle résulte du fait que les traitements sont beaucoup trop chers . Le monopole que s'est
octroyé la société Syngenta , sans aucune justification légale ou technique, sur les traitements au « Revive »
lui a permis de multiplier par 10 le prix de vente du traitement pour un particulier ce qui a empêché jusqu'à
maintenant toute application d'une stratégie globale alors que toute la côte méditerranéenne est
contaminée par le charançon et que des dizaines de milliers de palmiers ont déjà disparu. La démonstration
de l'efficacité d'une stratégie globale est très importante car elle pourrait également être appliquée dans la
lutte contre les nématodes du Pin, la Xylella fastidiosa des oliviers, etc...

 

Frédéric Ferrero, Directeur des services environnement, développement durable et démoustication (E3D)
de la CAVEM , présente en détail le projet de plan d'action ARECAP  de la CAVEM qui devrait s'étendre
sur 2 à 3 ans et démarrer dès le printemps prochain en s'appuyant sur les services techniques des villes.

 

Présentation de Frédéric Ferrero :

du Projet de plan d'action ARECAP (Action en Réseau pour l'Eradication du Charançon et l'Assainissement des Palmiers)

 

Le plan d' action prévoit en préalable :

- une intervention auprès du Ministère de l'agriculture pour faire modifier l'arrêté du 21 juillet 2010 afin
que l’application du produit Revive ne soit autorisée que dans le cadre d’une lutte collective coordonnée
par les collectivités, supervisée par la FREDON et limitée dans le temps. Tous les applicateurs avec un
agrément CRP et disposant d’une certification pour appliquer les produits phytosanitaires seront autorisés à
intervenir dans le cadre de cette lutte après formation obligatoire à la technique d’injection du Revive fixée
par le Ministère;
- une rencontre avec la société Syngenta productrice du "Revive" pour négocier des prix du produit
identiques, qu'il soit utilisé pour des propriétaires publics ou privés, leur permettant de mener cette lutte.
(actuellement beaucoup trop élevés pour les particuliers : 260€ /an/palmier prix 2015 ).

L'objectif est ambitieux et le parcours pour l'atteindre sera difficile. Chacun en est conscient. Mais jamais
rien n'est impossible avec la volonté de réussir.

Ce plan d'action est justifié par la balance économique entre la perte financière de nos palmiers (coût
1500€ /m de stipe ou tronc + abattage 1000 à 1200€ + travaux de dessouchage + coût de remplacement par
une autre espèce végétale) comparée au coût des traitements sur une durée de 2 ou 3 ans. Ce sont des
centaines de milliers d'euros qui ont déjà été perdus sur nos communes faute de traitements préventifs
dont +/-30 000€ pour les 2 palmiers abattus récemment au château Galliéni, un cas parmi beaucoup
d'autres présentés en photos par Daniel Chabernaud.

 

Roland Pélissier, président de la FREDON-PACA, apporte le soutien de la Fédération Régionale de Défense
contre les Organismes Nuisibles à cette lutte en soulignant qu'il y a urgence à entreprendre une action
significative car les priorités du Ministère de l'Agriculture se portent aujourd'hui vers la lutte contre la
Xylella fastidiosa.

L'exposé d'Anne Roberti porte sur la législation existante et explique l'arrêté du 21 juillet 2010 et ses différentes modifications

Yves Plancq mentionne que la ville de Fréjus possède environ 2000 palmiers, dont 350 Phoenix canariensis.
En septembre 2015, 240 on été traités au "Revive".

Le CMSP, par son président Guy Hily, remercie vivement messieurs François Latouche et Nello Broglio pour
leurs interventions porteuses d'espoir et leur confiance, les assurant de l'appui et de la coopération du
CMSP dans le cadre de ce plan d'action. Le CMSP a engagé un certain nombre d'actions : pétition Internet à
l'attention du Ministère de l'Agriculture, lettre aux candidats aux élections régionales pour les sensibiliser et
leur demander leurs intentions pour soutenir la lutte transfrontalière pour la sauvegarde des palmiers du
pourtour méditerranéen.

La conclusion de cette réunion revient à Monsieur Nello Broglio :

"...si nous ne faisons rien maintenant nous perdrons nos palmiers, ...soit nous voulons les sauver, soit nous
décidons de nous en séparer, mais il n'y a pas d'autre alternative..."

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- Article Var Matin :

151202 var matin v2

 

- Programme de la réunion (pdf)

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