Un palmier dattier infesté par le charançon rouge s'effondre en Espagne, un automobiliste meurt écrasé dans sa voiture !

Un palmier dattier infesté par le charançon rouge s'effondre en Espagne, un automobiliste meurt écrasé dans sa voiture !

 

L’accident s’est produit le 14 novembre en milieu d’après-midi, à Torrevieja (Costa Blanca) en Espagne. Un grand palmier dattier, situé sur le terre plein de séparation des deux sens de circulation d'une grande voie publique (CV-905) s'est effondré sur une voiture en tuant son jeune conducteur de 22 ans.

Compte tenu de la vive émotion suscitée dans la communauté municipale où la victime, soutien de famille, était connue pour ses implications dans la vie associative, le Maire a décidé de faire procéder à un examen approfondi, dès que possible, des quelques 5500 palmiers publics recensés sur le territoire : voir les reportages de différents médias ci dessous : 

 

1- "Informacion" de Vega Naja du 16 novembre 2025 :  "El Ayuntamiento de Torrevieja inspeccionará 5.500 palmeras municipales en busca de picudo rojo tras el accidente mortal"

 

2- TVT ( Television Torrevieja) Reportage du 17 novembre 2025 : "El Ayuntamiento solicita investigacion por si se tuvieran que dirimir responsabilidades" 

D'après la photo ci dessous extraite de ce reportage, il ne fait aucun doute que le palmier était infesté par le charançon rouge au niveau du stipe.

 

 

 

 

Le palmier dattier en bordure du CV-705 à Torrevieja avant l'accident.

 

 

 

 

dattier Torrevieja apres

  Le même palmier après l'effondrement du stipe

 

 

Cet accident mortel à Torrevieja se produit justement au moment où, en France,
le ministère de l’Agriculture vient d’abroger ( 1er novembre 2025 ) l’arrêté du 25 juin 2019
qui déclarait la lutte obligatoire sur tout le territoire national contre le charançon rouge du palmier.
Ce qui est incompréhensible !
Cela laisse actuellement tous les propriétaires de palmiers publics ou privés
seuls dans la lutte contre le CRP, et sans aucune obligation de traitement
en attendant qu’un arrêté préfectoral, soit, nous l'espérons, publié par chacune des régions concernées. 

 

Pour sauver les palmiers et prévenir des accidents similaires il est nécessaire que les grands palmiers patrimoniaux (1) sensibles aux CRP, et plus particulièrement les plus sensibles et les plus nombreux de l’espèce Phoenix canarienis, soient surveillés régulièrement pour détecter le plus tôt possible les symptômes visuels d’une infestation afin que des professionnels puissent intervenir pour les assainir les palmiers. En cas d'infestation avérée, l'assainissement mécanique reste le seul espoir de les sauver et permet d'éviter qu'ils constituent des sites de reproduction et donc de dispersion massive du ravageur qui aboutira à une infestation toujours plus rapide et difficile à contrôler des palmiers encore sains dans leur voisinage.

(1) Les palmiers des Canaries et les dattiers de petite taille, même sans rejet, sont également très sensibles aux attaques de CRP. Bien que leur disparition ne représentent pas une perte patrimoniale. Ils doivent, eux aussi, être surveillés et traités pour éviter qu'une fois infestés, ils ne se transforment en site de reproduction et de dispersion du CRP. 

Rappelons que, par mesure de sécurité, les grands palmiers des Canaries (Phoenix canariensis) mais aussi les grands dattiers (Phoenix dactylifera) présentant des rejets à leur base devraient être traités préventivement contre le charançon rouge du palmier. En cas d'accident c'est le propriétaire du palmier qui est responsable des conséquences !

 

 Dès 2008, Michel Ferry, alors chercheur à l’Inra, et Susi Gomez, travaillant à la Station de Recherches sur les Dattiers à Elche publient les résultats de leurs observations. Ils ont constaté, sur les grands palmiers des Canaries que les attaques du CRP étaient le plus souvent sommitales (voir, sur notre site l'article : Le contrôle du charançon rouge des palmiers )

La femelle du charançon dépose ses œufs dans la base des jeunes palmes autour de la lance centrale ce qui permet aux larves de se développer rapidement dans des tissus sains irrigués par les montées de sève dont elles se nourrissent en mastiquant les fibres. Tant que le palmier ne sera pas traité les larves vont poursuivre leur croissance et les palmes hautes de plus en plus affaiblies finiront par tomber (auparavant c'est à leur niveau que seront détectables les symptômes précoces d'infestation) avec le risque de provoquer des blessures ou des dégâts matériels. Lorsque les larves sont suffisamment nombreuses c’est toute la tête du palmier, de plusieurs dizaines de kilos qui risque s’effondrer et provoquer des accidents plus graves (voir l'article concernant la chute de la tête d'un palmier dattier avenue Joseph Clotis à Hyères en octobre 2016).
Le plus souvent une surveillance visuelle régulière et attentive du palmier permet de détecter ces symptômes de l’infestation à temps pour pouvoir le faire assainir par un professionnel agrée. (voir notre article : Charançon rouge : surveillance et traitements préventifs des palmiers ! ) .

Une blessure fraîche sur le stipe d'un grand palmier qui n'est pas détectée et traitée correctement, peut constituer également une porte ouverte pour que la femelle CRP, attirée par les substances volatiles résultant de la blessure, vienne y déposer ses œufs d'où émergeront des larves qui vont, en s'alimentant des tissus sains du stipe, creuser des galeries et des cavités de plus en plus profondes et importantes. Celles-ci finiront par affaiblir la résistance mécanique du palmier qui finira par s'effondrer brutalement, avec le risque de provoquer des accidents graves.
Les symptômes d'infestation de grands palmiers des Canaries, comme de grands dattiers qui se développent dans le stipe à partir d’une blessure non traitée, sont souvent assez difficilement détectables par leurs propriétaires. Ce qui rend ce type d'infestation particulièrement dangereux car, non détectée, elle conduit inévitablement à un effondrement imprévisible et brutal du palmier.

Bien qu’appartenant au même genre que le palmier des Canaries, les palmiers dattiers ont une architecture différente. Ce sont des palmiers cespiteux qui peuvent produire des rejets (ils sont d’ailleurs recherchés pour réaliser des massifs remarquables). Les rejets, constitués de tissus tendres sont des sites de pontes pour les femelles qui pourront y déposer leurs œufs. Ce sont donc aussi des portes d’entrée pour le CRP. Chez les dattiers infestés à partir des rejets, il se produit assez souvent un dessèchement progressif des palmes rendant la détection précoce assez facile…à condition de savoir où regarder.


Le dattier dont la chute a causé l'accident mortel qui vient de se produire à Torrevieja présentait à sa base des rejets (voir photos ci-dessus: avant et après l'effondrement de ce palmier). Malheureusement, il ressort clairement des déclarations parues dans la presse suite à cet accident que la recherche de symptômes au niveau des rejets est totalement ignorée dans les protocoles. Michel Ferry avait alors attiré l’attention sur le risque de sécurité publique que pouvaient présenter ces grands palmiers Phoenix patrimoniaux lorsqu’ils ne sont pas traités préventivement et non surveillés régulièrement par leurs propriétaires. Et plus particulièrement les dattiers plantés sur des espaces publics ou à proximité immédiate pour lesquels il recommande vivement de supprimer les rejets, et en cas de stipes multiples, de traiter chacun d’eux.

Un autre accident mortel de ce type s’était produit à Catane en Sicile en octobre 2014, où l’effondrement d’un palmier dattier avait tué une personne assise sur un banc public.

Il n’est pas sans rappeler également la chute d’un palmier Butia sur le boulevard de la Croisette en plein festival de Cannes 2025 (voir notre article : Un palmier s'effondre sur la Croisette en plein festival de Cannes 2025 !  ) qui a blessé un festivalier et d’autres cas d’effondrements de palmiers sur la Promenade des anglais à Nice, cités dans cet article, et pour lesquels nous n’avons pas trouvé d’analyses suffisamment sérieuses des causes mis à part le fait qu’ils s’étaient produits à la suite de bourrasques.