Risques de chute des palmiers, y compris des palmiers totems.

 

A la station Phoenix, nous suivons depuis 2008 le problème de la chute des palmiers1 plus particulièrement quand cette chute est à mettre en relation avec l’infestation par le CRP.

Le 13/09/13, j’écrivais à la DGAL, aux SRAL, aux FREDON et à de nombreuses municipalités :

« Les chûtes de palmiers se multiplient. Pour l’une d’elle en France et pour plusieurs en Espagne, résultant d’attaques de CRP, on est passé miraculeusement à côté du drame.

La probabilité d’un accident grave croît de jour en jour avec l’augmentation exponentielle de palmiers infestés résultant de l’inefficacité et de l’inapplicabilité des mesures adoptées pour contrôler le CRP. »

Nous avons établi assez vite que le risque de chute de spécimens de grande taille était différent entre palmiers des Canaries, palmiers dattiers avec rejets et palmiers dattiers sans rejet. Ce risque est à mettre en relations avec des modalités d’infestation distinctes entre ces différents palmiers que nous avons décrites dans l’article publié dans Phytoma France en novembre 2012.

Les grands dattiers sans rejet sont attaqués à partir de la frondaison mais, à la différence des palmiers des canaries, les larves en général passent assez vite dans le stipe. La détection de symptômes précoces d’infestation est donc très difficile, là encore à la différence des palmiers des canaries. Mais, le plus grave est que ce comportement des larves finit par entraîner la chute brutale des têtes de palmiers qui peuvent peser plusieurs centaines kilos. Suite à une telle chute, une personne assise sous un palmier dans un parc a été tuée à Catania (Italie) en octobre 2014.

A ces risques de chute, il faut maintenant en ajouter un autre qui devient de plus en préoccupant au fur et à mesure que le temps passe. L’étêtage ou l’assainissement raté de palmiers infestés (mais non ré-infestés car dans ce cas là il fallait les ré-assainir ou les étêter) ont conduit au maintien des stipes qui constituent ces fameux palmiers totems, témoins de nos jardins défigurés par le CRP.

Laisser ces totems en place n’est concevable que provisoirement dans le cadre d’une stratégie visant à éliminer au plus vite les foyers de CRP, en détruisant les tissus où se trouvent des larves ou des adultes (les œufs et larves présents dans ces tissus une fois réduits en morceaux et mis à sécher ne présentent aucun risque). Les stipes laissés en place ne présentent aucun risque phytosanitaire et doivent être traités comme des déchets verts normaux.

Il a fallu près de trois ans en France pour que nous obtenions que soit mis fin à l’abatage automatique des palmiers infestés ainsi qu’au transport et broyage inutiles et très couteux des stipes de palmiers. Cependant, il est bien évident que ces stipes ne peuvent rester en place très indéfiniment car le système racinaire et la base du stipe finissent par pourrir. Il faut donc par précaution les abattre dans les deux ou trois années qui suivent l’étêtage ou l’assainissement raté.

Plusieurs cas de chute de palmiers totems nous ont déjà été signalés

Par chance, ces chutes n’ont entraîné que des dégâts matériels.

L’abattage des totems, en les débitant ou non, suivi de leur éventuelle évacuation (rien n’interdit à un propriétaire de les garder sur place) doit être entrepris sans attendre. Cette opération devrait faire partie intégrante de l’organisation collective de la lutte contre le CRP au même titre que les assainissements ou les traitements préventifs. Elle bénéficierait ainsi des avantages déterminants d’une telle organisation : campagnes d’information, simplification des démarches et surtout réduction notables des coûts. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut espérer obtenir l’adhésion des propriétaires et réduire le risque d’une chute de totem aux conséquences dramatiques.

 

A Elche, le 14/12/16

1 De nombreux cas de chutes brutales de palmiers constatés ces dernières années particulièrement dans la région de Valencia en Espagne avaient pour origine le développement de caries et de nécroses dans le stipe. Des blessures d’injection trop nombreuses, de plus avec un produit comme le Revive, qui crée un effet phytotoxique autour du point d’injection, vont créer dans un certain nombre de palmiers le même type de développement. C’est une des raisons qui a conduit l’INRA, avec d’ailleurs l’approbation du scientifique de Syngenta compétent sur cette question, à recommander expressément de limiter à trois ans le recours à cette technique, particulièrement dans le cas de son application à grande échelle. Pour mémoire, son application à petite échelle est vouée à terme à l’échec car le jour où, par prudence, les injections devront être abandonnées, les palmiers seront attaqués par les CRP provenant des palmiers voisins non traités et dont la population loin de régresser n’aura fait qu’augmenter de manière exponentielle.