Lutte collective intégrée, seule stratégie possible contre le charançon rouge !

Lutte collective intégrée, seule stratégie possible contre le charançon rouge !

 

En résumé

Quels que soient les traitements, seule la lutte collective peut permettre de réduire rapidement la population de charançons rouges et empêcher sa propagation. Les avantages et inconvénients des 3 insecticides autorisés en lutte collective : nématodes en douchage, champignon Beauveria bassiana en saupoudrage et émamectine benzoate en injection sont analysés.

Les avantages de l’injection (rémanence, efficacité, coût, facilité d’application, respect de l’environnement) sont déterminants pour que les propriétaires privés qui détiennent entre 80 et 90 % des palmiers des Canaries, les plus vulnérables, s’engagent dans une lutte collective avec pour objectif ultime l’éradication du charançon rouge afin de sauver leurs palmiers. Toutes les communes infestées de la zone méditerranée doivent donc soumettre rapidement à la DRAAF leur plan de lutte pour le faire valider par le ministère et inciter tous les propriétaires privés de leur territoire à y participer . Cette condition est indispensable pour que la lutte obligatoire contre le CRP soit enfin efficace et que les communes puissent prétendre pouvoir préserver leurs palmiers, patrimoine de la collectivité, et justifier leurs investissements dans les traitements.

 

1 - Pourquoi la lutte collective est la seule stratégie possible pour sauver les palmiers ?

 Le charançon rouge du palmier (CRP) est un organisme nuisible prolifique qui finit par tuer son hôte. Une femelle peut vivre de 2 à 4 mois et pondre jusqu’à 200 œufs. Elle pond ses œufs à l’interstice entre les palmes en creusant des trous, avec son rostre, pour y déposer ses œufs afin de les protéger. En 3 à 6 jours les larves vont éclore et resteront protégées jusqu’ à leur nymphose à l’intérieur des tissus vivants du palmier dont elles vont s'alimenter, en créant des galeries et des cavités toujours plus importantes. Plusieurs générations de larves peuvent se retrouver simultanément dans un palmier qu’elles finiront par tuer quand elles arriveront au bourgeon terminal. D’après les résultats des études effectuées dans le cadre du programme de recherche européen Palm Protect (présentation de Didier Rochat au Copil Paca le 10 mars 2016) le CRP est capable de voler sur plusieurs kilomètres pour trouver un palmier et s’y reproduire.

 La stratégie à mener pour lutter contre le CRP est donc la même que celle qu’il faut mener pour lutter contre un virus ! Si un palmier n’est pas traité, il finira par infester ses voisins et seule une "vaccination" massive et simultanée de la grande majorité des palmiers des espèces les plus vulnérables permettra de réduire drastiquement la population de CRP afin de pouvoir l’éradiquer.

Pour les experts scientifiques internationaux de la FAO (Réunion internationale de Rome, 2017) , toute stratégie de lutte contre le charançon rouge doit avoir pour objectif de l’éradiquer . Sinon les traitements s’avéreront coûteux et finalement inutiles comme ce fut le cas depuis 2010.

La seule stratégie possible est donc la lutte collective intégrée (1) (2) (3) avec :
1) le traitement préventif simultané d’au moins 75 % des palmiers publics et privés (essentiellement les Phoenix canariensis les plus vulnérables) pendant au moins 3 années consécutives ;
2) la surveillance, la détection précoce des premiers symptômes d’une infestation ;
3) l’assainissement des palmiers par suppression mécanique de toutes les parties infestées ; ou leur abattage ;
4) le broyage et l’évacuation des déchets de palmiers infestés en déchetterie;
5) le piégeage pour évaluer l’évolution de la population de CRP et comme moyen de lutte complémentaire.

 

2 - Les communes des zones méditerranéennes infestées doivent faire valider leur plan de lutte pour permettre aux propriétaires privés de s’organiser en lutte collective.

80 à 90 % des palmiers Phoenix canariensis
les plus vulnérables aux charançons rouges
sont détenus par les propriétaires privés.

 Pour tout propriétaire privé, le palmier représente un élément patrimonial structurant et valorisant dans sa propriété auquel il tient et qu’il entretient. Le plus souvent le propriétaire ne sait pas et ne veut pas reconnaître que son palmier est infesté et il intervient trop tard. Pourquoi ? Un palmier est un élément esthétique dans une propriété et l’intervention mécanique qui consiste à supprimer les palmes infestées est appréhendée comme une mutilation inésthétique alors que cette opération, si elle est effectuée à temps par un professionnel agrée permettra de sauver le palmier qui retrouvera rapidement toute sa frondaison. Dans certains pays du Nord de l’Afrique et du Moyen Orient, il est de tradition de couper les palmes des palmiers sans que cela soit un problème.

L’expérimentation de lutte collective menée sur plusieurs milliers de palmiers publics et privés d’un territoire du sud-est varois (englobant les 5 communes d'Estérel Côte d'Azur Agglomération, ex Cavem) démontre que les propriétaires privés participent massivement lorsqu’une lutte collective est organisée par la collectivité.

Puisque :  
1) la lutte contre le CRP est obligatoire sur tout le territoire national (article 1 de l’arrêté du 25 juin 2019) ;
2) la lutte collective est la seule stratégie qui puisse empêcher la prolifération du charançon rouge, sa dissémination et l’expansion de l’infestation à d’autres régions, alors :

toutes les communes infestées de la zone méditerranéenne devraient être incitées et encouragées à organiser des luttes collectives au lieu d’empêcher leurs contribuables, propriétaires, de traiter leurs palmiers en les privant du traitement le plus économique en lutte collective et dont l’efficacité est démontrée sur des milliers de palmiers. Rien ne les oblige pour autant à modifier leur politique "zérophyto" pourvu que tous les palmiers publics sensibles soient traités conformément à l’article 7b de l’arrêté du 25 juin 2019

Pour cela, il leur suffit de déposer leur dossier auprès de la Draaf/Sral pour qu'il puisse être approuvé par la section "végétale" du Cropsav (voir exemple le dernier compte rendu du Cropsav Paca le 16 mai 2024 sur le site de la Draaf-Paca) avant d'être transmis aux services du ministère de l'Agriculture pour être validé et que la commune soit inscrite dans l'arrêté publié au JORF (voir exemple arrêté du 4 juillet 2023). La commune doit s'engager sur les 5 points listés à l'article 7b de l'arrêté du 25 juin 2019 à savoir :  - plan de surveillance et réseau de piégeage; - traitement préventif de tous les palmiers sensibles du domaine public ; évacuation adaptée des déchets de palmiers y compris pour les particuliers (ce qui est généralement le cas puisque le traitement des palmiers contre le CRP ne peuvent être réalisés que par les professionnels agréés par les Draaf).

 

3 - Pourquoi est-il important que ces communes infestées fassent valider leur plan de lutte collective ?

Tant que les communes ne se sont pas formellement engagées dans un plan de lutte contre le CRP, validé par le ministère, l’utilisation des PPP d'origine chimique, tel que le Revive sont interdits pour les traitements préventifs des palmiers asymptomatiques (ils restent autorisés seulement pour traiter les palmiers qui auraient été infestés, afin de prévenir une nouvelle infestation après leur assainissement).

Dans l’esprit de l'article 14-4 de l'arrêté du 15 janvier 2021 (Loi Labbé modifiée), applicable au 1er juillet 2022 et de l’article 7-b de l'arrêté du 25 juin 2019, les communes qui ne s'engagent pas dans un tel plan de lutte renoncent de fait à prendre les mesures nécessaires à la destruction et à la prévention de la propagation du charançon rouge en tant qu’organisme nuisible réglementé sur leur territoire. Et dans ce cas, pour éviter l'utilisation et la dispersion inutiles et risquées,  indéfiniment d'insecticides chimiques, la loi Labbé modifiée en interdit l’emploi y compris par les professionnels.

 En conséquence, les municipalités non engagées dans un plan de lutte privent leurs administrés, propriétaires de palmiers du traitement par injection à base de Revive, de loin le plus économique et facile d'application ainsi que d'une grande efficacité comme nous l’expliquons § 5.3. De plus, comme les traitements préventifs ne sont plus obligatoires, ils ne seront plus appliqués sur l'ensemble du territoire infesté. Inévitablement, les dépenses engagées par les communes et les seuls propriétaires volontaires pour faire traiter leurs palmiers seront coûteux et difficiles d'emploi et devront être renouvelées tous les ans pendant une durée indéterminée.

L'expérience acquise au niveau international (FAO 2017) prouve qu'une telle stratégie ne permet pas de contrôler le CRP. Elle finit à terme par décourager les propriétaires de palmiers (publics comme privés) et par être abandonnée en raison de son coût. C'est d'ailleurs l'échec de cette stratégie qui a conduit, en mars 2018, la Commission Européenne à abroger sa décision concernant les mesures d’urgence pour lutter contre le CRP, organisme nuisible dont la dispersion et les ravages n'ont aucunement pu être freinés.

Pour que les propriétaires privés puissent s’engager dans une lutte collective il faut qu’ils puissent choisir les traitements préventifs les plus appropriés pour eux en terme d’efficacité, de coût et de respect de l’environnement.

 

4 - Quels sont les produits autorisés en lutte collective validée par le ministère ?

Voir la note du Sral-Paca du 18 juillet 2023 « Les produits utilisables pour lutter contre le charançon rouge du palmier ».

Ils sont de divers types :
1) des macro-organismes : nématodes Steinernema carpocapsae ;
2) des produits phytopharmaceutiques (PPP) qui disposent d’une AMM pour l’usage 00002009 (voir note1) : 
    2a - les champignons Beauveria bassiana « Serenisim » (souche NPP111) et « Ostrinil » (souche 147) de la société Arysta qui sont des produits  de biocontrôle utilisés en saupoudrage ou pulvérisation des microgranulés, porteurs des spores du champignon, à la base des palmes ;
   2b - le « Revive » de la société Syngenta à base d’émamectine benzoate (substance active de synthèse de la famille des avermectines) utilisé en injection dans le stipe/tronc (note ;
3) des pièges à base de phéromone (avec AMM si utilisés avec un insecticide).

 

5 - Avantages et inconvénients des produits autorisés en lutte collective ?

 5.1 Les nématodes (traitement par « douchage »).

5.1.1 Caractéristiques et mode d’action.

Les nématodes (Steinernema carpocapsae), sont des vers microscopiques vivants, capables de se déplacer, lorsque l’humidité est suffisante, dans les interstices entre les restants de palmes et dans les caries. Pour rester en vie ils doivent atteindre rapidement leurs cibles. Ils pénètrent dans leurs orifices naturels en libérant des bactéries qui les tuent par septicémie en quelques jours. Les nématodes s’y reproduisent lorsque les conditions de température et d’hygrométrie restent favorables. Ils sont efficaces contre les adultes du CRP et du PA (papillon Paysandisia archon), contre les larves du PA dans leurs galeries. Par contre ils peuvent difficilement atteindre les larves du CRP vivantes à l’intérieur des tissus sains du palmier.

5.1.2 Contraintes liées aux conditions d’emploi.

 Ils se conservent uniquement en réfrigérateur, et ne supportent ni la chaleur ni la sécheresse. La solution aqueuse d’épandage ne doit pas être préparée plus d’une 1/2heure en avance pour qu’ils restent en vie et ils doivent être appliqués dans des conditions de température entre 12 et 30°, à la naissance des palmes après avoir humidifié le palmier.

La durée de vie des nématodes et donc la rémanence mais aussi l’efficacité du traitement va dépendre en grande partie des conditions d’hygrométrie et de température pendant le stockage et le transport (les achats de nématodes par internet sont à proscrire !) mais aussi avant (préparation), pendant et après l’application. Les nématodes sont sensibles aux UV. Le risque d’échec le plus fréquent est donc de faire un traitement avec des produits inertes. En effet, les nématodes meurent rapidement s’ils ne trouvent pas leurs cibles, si l’humidité est insuffisante ce qui est souvent le cas en été, ou s’ils restent exposés au soleil.

La concentration de la solution préconisée est de 5 millions de nématodes par litre d’eau. Une dose « commerciale » de 50 millions de nématodes est donc à diluer dans 10l d’eau, nécessaires pour traiter 1 palmier Phoenix de 2m de stipe ou plus. Le traitement par « douchage » doit être renouvelé au minimum tous les 21 jours. Il nécessite des moyens d’application appropriés (arrosoir, pulvérisateur ou dispositif professionnel ) et peut nécessiter l’utilisation de nacelles pour les palmiers de plus de 2m de stipe.

Le nombre d’interventions à prévoir dans l’année est un handicap important pour le traitement des palmiers des résidences secondaires dans le cadre d’une lutte collective.

5.1.3 Contraintes liées au respect de l’environnement.

Les nématodes sont considérés comme des macro-organismes, sans risque particulier pour l’environnement.

5.1.4 Risques pour les palmiers. 

Aucun si ce n’est le risque d’infestation du palmier compte tenu d’une efficacité insuffisante, liée à sa faible rémanence et aux conditions de température et d’humidité difficiles à respecter dans la zone méditerranéenne, en présence d’un taux d’infestation important.

5.1.5 Coût d’un traitement pour un palmier.

Les nématodes sont disponibles en vente libre dans les jardineries spécialisées sous différents noms commerciaux. Il faut compter environ 30€ pour une dose de 50 millions de nématodes.

Prévoir un coût de 50 à 150€, pour le traitement d’un palmier par un professionnel, le prix étant dégressif en fonction du nombre de palmiers à traiter mais peut augmenter en fonction de la difficulté à pouvoir atteindre la partie apicale du palmier et les moyens à mettre en œuvre (nacelle par exemple) pour son application. Soit en multipliant par le nombre de traitements (8 à12) à effectuer de mars à novembre, le prix de revient moyen serait de 400 à 1000€ TTC par an/palmier pour des particuliers.

A noter que certaines collectivités pratiquent des traitements mixtes en alternance (nématodes et Beauveria bassiana) suivant les conditions climatiques voir Beauveria-Bassiana ci-dessous.

 

5.2 Le champignon Beauveria bassiana (traitement par saupoudrage).

 5.2.1 Caractéristiques et mode d’action.

 Le Beauveria bassiana est un champignon entomopathogène filamenteux que l'on trouve dans les sols (à des concentrations beaucoup plus faibles) et qui parasite un grand nombre d’espèces d’insectes volants. Les spores se fixent et germent sur la cuticule et le champignon, sous forme de mycélium, pénètre dans le corps des insectes qu'il tue en quelques jours. La moisissure blanche (muscardine) se développe sur le corps de l’insecte mort et produit de nouvelles spores qui peuvent alors infecter d'autres insectes par contact. L’effet pathogène du Beauveria contre le CRP a été découvert il y a plus de 20 ans.

Le Beauveria bassiana agit par contact. Il peut être également efficace sur des larves ou des adultes à condition bien sûr que ses spores puissent les atteindre. Dans le cas du CRP, il est donc indispensable que les microgranulés supportant les spores atteignent les bases des palmes centrales qui constituent la zone de ponte des femelles sur les palmiers de plus de 2 à 3 mètres de hauteur. Par contre les spores ne peuvent atteindre les larves qui se trouvent protégées à l’intérieur des tissus sains.

Seules les souches du Beauveria bassiana qui disposent d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour l’usage 00002009 sont autorisées pour le traitement des palmiers contre le CRP.

5.2.2 Contraintes liées aux conditions d’emploi..

Pour les petits palmiers, l’infestation démarre en général à la base des restes de pétioles sur le tronc, il est assez facile d’appliquer efficacement le traitement mais, par contre, pour les palmiers de plus de 2m de stipe le saupoudrage du produit à la base des palmes nécessite un outillage particulier : perches ou nacelles et une certaine dextérité pour éviter de perdre du produit dans les entrelacs des pinnules acérées qui arment les bases des palmes des Phoenix canariensis. La dose maximale de 300g, autorisée par traitement est insuffisante pour espérer atteindre et protéger efficacement l'ensemble des sites de ponte sur les grands palmiers!

Le traitement est à renouveler tous les 21 jours avec un maximum de 7 applications autorisées par an pendant la période de vol du charançon (documentation Arysta LifeScience pour le produit ARY-0711b-01).

Les 7 applications seront insuffisantes et des traitements complémentaires avec des nématodes seront nécessaires pour tenter de protéger les palmiers pendant toute la période de vol du charançon (dès que la température diurne atteint ou dépasse 18°C).

Certains ont pensé pouvoir remplacer les traitements avec des nématodes, lorsque en été, les températures dépassent 30°, par des traitements au Beauveria bassiana mais l’efficacité du champignon est fonction de l’humidité et diminue lorsque la sécheresse augmente.

Dans tous les cas il faudrait un minimum de 10 traitements de mars à novembre (Beauveria ou nématodes ou une alternance des deux suivant les conditions climatiques).

Conditions de stockage = moins de 12 mois à moins de 20°C. (Contrainte à respecter par les distributeurs et professionnels).

5.2.3 Contraintes liées au respect de l’environnement.

 Bien que les produits à base de Beauveria bassiana soient des produits de biocontrôle, iI n’en demeure pas moins que ce sont des produits phytopharmaceutiques insecticides qui présentent certains risques pour l’environnement, y compris la santé des personnes et des animaux dont les abeilles.

Leur utilisation est soumise au respect des conditions d’emploi prescrites par l’Anses voir son site Internet : ephy-anses-fr pour les produits de la société Arysta Life Science « SERENISIM » ARY-0711B-01 souche 111 (AMM 2180058) et « OSTRINIL » souche 147 (AMM9300093).

 Les principales contraintes imposées sont rappelées succinctement ci-dessous :

 - Protection des personnes : peut provoquer des réactions allergiques soit par contact avec la peau soit par inhalation ) – ne pas utiliser par des personnes immunodéprimées ou sous immunodépresseurs ;

 - Délai de rentrée de 6h : ( laps de temps pendant lequel le site de traitement doit être interdit d’accès au public) ; Cette contrainte rend difficile les traitements en milieu urbain. Elle est pratiquement impossible à appliquer dans les propriétés privées ! ):

 - Protection des organismes aquatiques : respecter une zone non traitée de 5m par rapport aux points d’eau ;

 - Protection des oiseaux et des mammifères sauvages : récupérer tout produit accidentellement répandu ( Cette contrainte impose de ramasser le produit, qui tombe au sol . Ceci dit on ne voit pas pourquoi les oiseaux se priveraient de celui qu’ils peuvent trouver directement sur l’arbre !) Les experts de l’EFSA considèrent ce risque comme étant faible).

 - Protection des abeilles : dans leurs rapports sur les souches 147 et NPP 111 (Peer review EFSA doi:10.2903/j.efsa.2015.4261 et doi:10.2903/j.efsa.2015.4264), les experts européens de l’EEFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments ) considèrent que le Beauveria bassiana présente un risque important pour les abeilles ; « A high risk to honeybees was concluded for the representative field use to palm trees »

L’Anses précise dans son AMM les dispositions à prendre pour limiter ce risque : « Emploi autorisé en période de floraison et de production d’exsudats en dehors de la présence des abeilles » . Cette contrainte impose de traiter 2h avant le coucher du soleil et 3h après. Elle surenchérit considérablement le coût des traitements pour les propriétaires lorsqu’elle est respectée puisque les traitements doivent alors se faire en soirée , en dehors des heures de travail habituelles.

Par ailleurs, le produit sous forme de microgranulés n’est pas liquide et ne s’imprègne donc pas dans les tissus du palmier. Au lever du jour, soit il est toujours présent et le risque pour les abeilles persiste, soit il est tombé avec le vent et devrait être ramassé et dans ce cas il n’est plus efficace contre le CRP.

Laisser croire avec cette « Mention abeille » que certains insecticides sont moins dangereux pour les abeilles, uniquement parce qu’ils sont d’origine biologique serait de nature à tromper les utilisateurs et l’opinion publique car tout dépend de leurs caractéristiques, de leur mode d’action et de leur mode d’application. Cela desservirait l’objectif du zérophyto que nous défendons par ailleurs.

5.2.4 Coût d’un traitement annuel pour un palmier.

 Les traitements ne peuvent être réalisés que par des professionnels agréés dont la liste est publiée sur le site de la Draaf -Paca (Santé des végétaux / Charançon rouge du palmier) et nécessiteront l’utilisation de perches ou nacelles pour les palmiers de plus de 2m de hauteur de stipe.

Le coût sera sensiblement le même que pour le traitement par un professionnel avec des nématodes (voir§ 1.4 ci-dessus).

Le prix du traitement étant, bien entendu, à multiplier par le nombre d’interventions pendant la période de vol du charançon soit, comme pour les nématodes, il faut compter un prix de revient entre 400 et 1000€ par an/palmier pour des particuliers.

En dehors du coût, le nombre d’interventions à prévoir dans l’année est, là aussi,un handicap très sérieux pour le traitement des palmiers des résidences secondaires dans le cadre d’une lutte collective d’autant que ces résidences ne sont souvent accessibles qu’en été.

5.2.5 Risques pour les palmiers traités.

 Aucun si ce n’est le risque d’infestation du palmier par le CRP compte tenu de l’efficacité « variable et partielle » du traitement.

L’efficacité du Beauveria bassiana contre le charançon constaté dans les coupelles de laboratoire, que ce soit sur les adultes ou sur les larves,ou dans des expérimentations sur le terrain sur des petits palmiers ne prouve nullement son efficacité sur les grands palmiers Phoenix canariensis de plus de 2m de stipe, les plus vulnérables. Il est regrettable que nous n’ayons pu trouver aucune documentation scientifique à ce sujet.

Les conséquences catastrophiques de l’expérimentation hasardeuse de la souche NPP111 qui a conduit à la perte de la plupart des palmiers patrimoniaux du parc Vigier à Nice en 2017 étaient elles bien visibles (voir les photos « avant » et après » ci-contre prises du même endroit en septembre 2016 et juin 2018).

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 Photo Google Earth - Street view en septembre 2016 depuis le boulevard Franck Pilatte à Nice

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 Photo DC  du parc Vigier prise du même endroit sur le boulevard Franck Pilatte en juin 2018

 

5-3 Le Revive (traitement par injection).

5.3.1 Caractéristiques et mode d’action.

 L’émamectine benzoate (Emab) est un insecticide de synthèse qui agit par contact et par ingestion et détruit les insectes par effet neurotoxique.

Il est utilisé comme substance active dans différents produits insecticides. La molécule de l’Emab se dégrade très rapidement à la lumière. Utilisée en pulvérisation sur des légumes ou des fruits comme par exemple contre les chenilles, sur les artichauts ou les fruits à pépin le délai avant récolte (DAR) est de 3 jours. Par contre lorsque le produit est injecté à l’intérieur d’un arbre, à l’abri de la lumière, sa rémanence peut atteindre plusieurs mois.

Aux USA la technique de l’injection est utilisée depuis de nombreuses années pour traiter des milliers d’arbres contre l’Agrile du Frêne ou les nématodes du Pin avec le produit « Tree äge » de Syngenta à base d’émamectine benzoate distribué par Arborjet et en vente sur internet à tous les professionnels agréés aux USA.

 Dès 2006, Michel Ferry, (alors chercheur de l'INRA, et directeur de la Station Phoenix à Elche (Espagne) et sa collègue Susi Gomez, expérimentent divers insecticides et techniques d'injection à la recherche d'une solution pratique, sûre et aussi économique que possible pour qu'il devienne réaliste de proposer, dans le cadre d'une stratégie de lutte collective et intégrée, le traitement préventif rapide et à grande échelle de la majorité des Phoenix canariensis des zones infestées. Dans le cadre d'une collaboration avec la société Syngenta, ils établissent qu'une formulation non diluée d'Emab dosée à 4% (équivalent du "Tree äge" aux USA) injectée à hauteur d'homme dans 4 trous à raison de 50 ml par palmier permet de protéger pendant environ 12 mois des Phoenix canariensis de 8 m de haut avec une très grande efficacité.

L'Emab est efficace à très faible dose sur les jeunes larves (néonatales ou aux tous premiers stades larvaires) or ces larves s'alimentent des tissus vivants du palmier pour en extraire le suc. Quelques heures après l’injection, ces tissus contiennent une concentration suffisante d’Emab pour les tuer . L'infestation est immédiatement stoppée, ce qui conduit à considérer ce traitement comme préventif et de longue persistance (A noter qu'en traitement curatif, pour parvenir dans la zone d'infestation à une concentration suffisante pour tuer des larves à des stades plus avancés, l'injection doit être réalisée suffisamment près, à environ 1m sous la couronne foliaire). Enfin, par rapport aux traitements phytosanitaires classiques, le gros avantage de la technique d'injection, en plus de son coût et de sa facilité d'emploi est que l'insecticide injecté dans le stipe, est sans aucun contact avec l’extérieur et donc sans impact direct sur l’environnement (voir §3.3).

Néanmoins, ce produit doit être utilisé avec précaution car la substance active présente des risques sur la santé humaine pour les applicateurs lors des manipulations et, en conséquence, il ne peut être appliqué que par les professionnels agréés par la Draaf-Paca pour le traitement des palmiers contre le CRP et parmi ceux-ci, seuls les professionnels sous contrat avec la société Syngenta qui s’est réservé le monopole du « Tree Care » ont la possibilité de réaliser ce traitement par injection. Contrairement à ce que Michel Ferry espérait, nos différentes démarches auprès des autorités n’ont pu malheureusement aboutir à la mise à disposition du produit pour tous les professionnels agréés.

 La société Syngenta, après modification de la formulation de l’adjuvant exigée par l’Anses pour le Revive1 a obtenu l’ AMM n°2180226. Voir la fiche du Revive 2 sur le site ephy de l'Anses. La concentration en matière active a été doublée (95g/l au lieu de 49,2g/l)) et la quantité de produit réduite (21ml au lieu de 50ml par palmier).

L’efficacité du traitement a été démontrée sur des milliers de palmiers Phoenix canariensis dans le cadre de la lutte collective intégrée ARECAP menée par la Communauté d’Agglomération Estérel Côte d’Azur depuis 2016.

240327 Parc de Valere

 Photo DC - prise en mars 2024 de l'alignement des 38 palmiers Phoenix canariensis patrimoniaux
du Parc de Valère à Fréjus, traités par injection dans le cadre de la lutte collective Arecap depuis 2016.

5.3.2 Contraintes liées aux conditions d’emploi.

L’injection est réalisée une fois par an, de préférence au printemps, à hauteur d’homme, sans besoin d’engins de levage, dans 4 trous de 6mm de diamètre dont la profondeur dans les tissus sains ne doit pas dépasser le 1/3 du diamètre du stipe et répartis régulièrement en hélice sur sa circonférence. La société Syngenta impose à ses applicateurs l’utilisation d’un pistolet injecteur en circuit fermé délivrant des doses précises de produit sous faible pression. Après injection, les applicateurs de Syngenta obturent les trous avec des chevilles de bois.
Un seul traitement annuel étant nécessaire pour protéger le palmier, cela facilite les propriétaires privés à s’engager dans une lutte collective avec le minimum de contraintes et permet de traiter les palmiers situés dans les résidences secondaires. Cela réduit également les coûts du traitement (déplacements et MO).

Concernant la technique de l’injection : dans son avis du 3 avril 2012, l’Anses considère que « l’injection de produits de traitement contre le CRP dans le stipe du palmier est de nature à rendre négligeable l'exposition des personnes vivant ou circulant au voisinage des palmiers traités ainsi que celle des organismes de l'environnement, notamment les pollinisateurs ».

 Concernant l’injection d’émamectine benzoate : en réponse à la saisine de la DGAL 2015 SA-0198 concernant les traitements à mettre en oeuvre dans le cadre de la lutte contre le charançon rouge du palmier, l’Anses, dans son Avis du 26 février 2016, conclut que « ... seule la stratégie de lutte par injection dans le stipe d’un produit phytopharmaceutique à base d’émamectine benzoate peut être actuellement retenue.. ».

 5.3.3 Contraintes liées au respect de l’environnement.

 L’Anses, dans son Avis du 14 janvier 2015, considère que l’impact de l’injection d’émamectine benzoate est acceptable pour l’environnement.

 - Protection des personnes : les contraintes s’appliquent essentiellement aux professionnels applicateurs qui sont les seuls à pouvoir être en contact avec le produit et doivent respecter les mesures de protection (port d‘un équipement individuel de protection, de gants, combinaison, lunettes de protection ).
 - Délai de rentrée : aucun compte tenu du mode d’application par injection.
 - Protection des organismes aquatiques : aucun risque compte tenu du mode d’application par injection.
 - Protection des oiseaux et des mammifères : aucun risque compte tenu du mode d’application par injection.
 - Protection des abeilles : le produit serait dangereux pour les abeilles s’il pouvait se retrouver dans le pollen ou dans le nectar. Des recherches ont été effectuées par l’Anses dans le pollen sans pouvoir en détecter la présence (Avis Anses du 29 janvier 2014  ).Dans ce même Avis, l’Anses considère que : «  ..Les risques pour les abeilles liés à l’exposition par consommation de pollen sont considérés comme acceptables.. » mais qu’.. « En revanche, les risques pour les abeilles liés à l’exposition par consommation de nectar ne peuvent être considérés comme acceptables .. .. afin de limiter l’exposition des abeilles, il conviendra de supprimer les inflorescences avant la floraison des palmiers chaque année pendant toute la durée du traitement et, à titre de précaution, au moins un an après l'arrêt de celui-ci ..»
Or seuls les palmiers femelles ont des glandes nectarifères sauf ceux de l’espèce Phoenix qui n’en possèdent pas. Pour eux ce risque n’existe donc pas. Comme ce sont les palmiers qui sont les plus vulnérables aux attaques du charançon ce sont ceux qu’il convient de traiter en priorité dans le cadre d’une lutte collective.
 - Protection des organismes vivants dans les sols : étant véhiculé par la sève montante, le produit ne peut pas se retrouver dans le sol.

5.3.4 Risques pour les palmiers injectés. 

L’injection blesse le palmier puisqu’elle nécessite le perçage de 4 trous différents à chaque année de traitement.
Les risques potentiels sont connus  :
 a) Fragilisation de la structure mécanique du palmier.
La structure fibreuse du palmier est très résistante et de nombreux palmiers ont subi des agressions mécaniques importantes sans que leur structure soit fragilisée. Par contre la fragilisation de la structure d’un palmier infesté par le charançon peut avoir des conséquences graves pour la sécurité publique comme la chute de tout ou partie de la tête d’un palmier des Canaries ou l’effondrement imprévisible et brutal d’un palmier dattier. Ce risque est de loin le plus important lorsque les palmiers ne sont pas traités avec un produit suffisamment efficace.
Aucune anomalie constatée par les applicateurs sur les milliers de palmiers traités avec Arecap depuis 2016.
 b) Création de portes d’entrée pour des champignons et bactéries.
Pour éviter ce risque, tous les applicateurs doivent désinfecter le foret au moment de l’injection.
Par ailleurs, le palmier possède un système de défense qui lui permet de compartimenter à la suite d’une blessure c’est à dire de créer une barrière de protection interne. Michel Ferry a apporté la réponse scientifique à cette question :«Le chercheur américain, A. Shigo, reste la référence mondiale de la question des blessures chez les plantes. La compartimentation chez les palmiers existe bien évidemment même si elle suit un processus plus simple que chez les arbres. Les quelques techniciens qui ont prétendu le contraire n’ont pas compris que la compartimentation constituait une propriété indispensable à la survie des espèces végétales pérennes. » .

 A noter que le nombre de cas de fusariose rapporté par les applicateurs Arecap sans qu’on puisse en déterminer la cause (*) est inférieur à 2/10000 .

(*) Toute intervention mécanique qui blesse le palmier, comme la taille des palmes, fait courir un risque de même nature lorsque les outils ne sont pas correctement désinfectés.

 c) Différents inconvénients liés à la pression de l’injection.
- Lors des expérimentations, l'équipe de la station Phoenix a constaté l'existence d'un certain effet phytotoxique du produit qui se manifeste dans les tissus autour du trou d'injection. Il est réduit quand l'injection est faite par perfusion mais est très probablement plus prononcé quand le produit est injecté sous pression même faible (2 kg/cm²) ;
- aucune étude scientifique sur la base de bio-essais ou d'expérimentations en conditions réelles n'avait été publiée (et ne l'a toujours pas été) sur l'efficacité de l'injection sous pression avec le pistolet injecteur de Syngenta alors que la littérature scientifique prouve combien la méthode d'injection interfère sur l'efficacité des traitements (3) ;
- une partie du produit est piégée dans les tissus parenchymateux autour du trou d'injection, les tissus morts ou nécrosés par le produit, les bases de palmes ;
- le recours à un système d'injection sous pression conduit à des propositions de pistolets injecteurs inutilement sophistiqués et coûteux ;
- en raison de l'effet phytotoxique et de la blessure provoquée, le recours aux techniques d'injection, comme souligné dans la plupart des publications à ce sujet, doit être réalisé avec une certaine prudence et ne peut pas être répété pendant un temps indéterminé.

Ce sont les raisons pour lesquelles Michel Ferry s’était opposé à l’injection sous pression (voir note 2) pratiquée avec ce pistolet.

Le CMSP a souligné à de multiples reprises que les applicateurs devaient s’assurer d’une distance suffisante entre deux trous réalisés des années différentes pour éviter la formation de caries qui pourraient entraîner un risque sur la résistance mécanique du stipe.

Le recours à cette technique ne doit être conçu que dans l'objectif d'obtenir l'éradication du ravageur ou sa régression sous un seuil économiquement acceptable.

d) Limitation de l’utilisation de l’injection dans le temps.

Voir la réponse de Michel Ferry le 19 janvier 2018, publiée le site Collectif-Propalmes-Méditerranée concernant « La question des risques éventuels après trois années d'injection (traitements des palmiers à l'émamectine benzoate) ».

Afin de limiter l’ utilisation de l’injection dans le temps et d’éviter d’une part la répétition des blessures et d’autre part la dispersion inutile et abusive du Revive, Michel Ferry avait souhaité que le produit ne soit autorisé que dans le cadre d’une lutte collective ayant pour but de faire baisser drastiquement la population de charançons pour pouvoir ensuite l’éradiquer. Il a démontré (publication lors de la conférence CIHEAM à Bari 23-25 octobre 2018) que cet objectif est atteignable à condition de traiter simultanément pendant 3 ans 75 % des palmiers sensibles d’un territoire. Les CRP peuvent ensuite être éradiqués des foyers d’infestation résiduels en utilisant des traitements biologiques (nématodes par exemple).

5.3.5 Coût d’un traitement annuel pour un palmier.

 En 2024, le prix forfaitaire d’un traitement par injection d’un Phoenix canariensis ou dattier traité dans le cadre d’une lutte collective validée par le ministère est de 80,40€ TTC /palmier/an incluant traitement et déplacement. Hors lutte collective, lorsque le traitement est ordonné (traitement des palmiers infestés après assainissement et traitement préventifs individuels des palmiers hors zone méditerranéenne le prix forfaitaire est de 120€ TTC/palmier/an.

Le traitement ne nécessite que quelques minutes de main d’oeuvre par palmier (5 mn en moyenne pour des palmiers groupés et moins de 10mn dans le cas d’un palmier isolé) et peut-être réalisé facilement quels que soient l’emplacement et les difficultés d’accès au palmier sans avoir besoin de perches, d’échelles ou d’engins (élévateur /nacelle).

 

Conclusion :

L’article 1 de l’arrêté du 25 juin 2019 ordonne la lutte obligatoire contre le CRP sur tout le territoire national. De l’avis de tous les experts internationaux, seule une lutte collective intégrée peut permettre d’empêcher la prolifération du charançon en surveillant régulièrement l’état sanitaire de tous les palmiers publics et privés, en les traitant préventivement, en assainissant et en traitant très rapidement après détection des premiers symptômes visibles, ceux qui auraient pu être infestés.

Aucun traitement, aussi efficace soit-il, ne peut prétendre être efficace à 100 % !

La surveillance régulière des palmiers par leurs propriétaires, la reconnaissance des symptômes d’infestation précoces sont donc indispensables à la réussite de la lutte contre le charançon.

Les 3 traitements autorisés peuvent être utilisés suivant les politiques adoptées par les communes infestées de la zone méditerranéenne mais il est incompréhensible que des grandes collectivités, communautés d’agglomérations, métropoles puissent tergiverser, surseoir ou s’opposer à faire valider un plan de lutte contre le CRP ce qui est préjudiciable aux propriétaires de palmiers de leur territoire en les privant du traitement qui est le plus économique, le plus efficace, le moins contraignant et le plus respectueux de l’environnement et de ce fait en les empêchant de participer à une lutte collective.

Avec comme conséquence inéluctable :
- une majorité de palmiers privés qui, faute de possibilité, resteront non traités sur leur territoire, réduisant à zéro l’intérêt du traitement des palmiers publics ;
- l’extension de la prolifération du CRP sur le territoire national;
- le préjudice causé aux collectivités voisines qui se seraient engagées en lutte collective ;
- l’extinction des derniers Phoenix canariensis patrimoniaux qui ont pu être préservés !

Ne pas tirer les enseignements des erreurs commises dans la lutte contre le CRP

réduit considérablement nos possibilités à faire face aux ravageurs à venir.

 

 

CMSP – 14 juillet 2024

 

Références et documents à consulter :

 (1) Présentation de Michel Ferry lors de la réunion du CMSP à Antibes le 31 janvier 2018 : Démarche de lutte collective et intégrée de lutte contre le CRP -

(2) Ferry M., Gómez S., 2015. La stratégie de la dernière chance pour sauver les palmiers. Princeps, 1, 125-134

(3) Ferry M., Gomez S., 2014. Assessment of risks and interest of injection techniques in integrated programmes to eradicate the red palm weevil: review and new perspectives. Fruits vol. 69 (2) 143-157

 

(note1) Le catalogue des usages est publié par la DGAL au Bulletin Officiel du ministère de l’agriculture : 00002009 Arbres et arbustes*Trt.Part.Aer.*Charançons du palmier

 

(note2) Complément concernant la technique de l’injection.

Lors des expérimentations, l'équipe de la Station Phoenix a obtenu les meilleurs résultats en utilisant une technique d'injection très simple et très rapide d'emploi qui consiste à remplir, à l'aide d'une simple seringue ou pistolet doseur du commerce, chacun des trous percés dans le stipe dont le volume est réduit à celui de la dose à injecter par trou. L'avantage de cette technique est multiple: la blessure est de taille très réduite; injecté sans pression, le produit n'est pas perdu dans les tissus morts ou parenchymateux et infuse naturellement dans le stipe, aspiré par la sève montante. L'injection ne prend que quelques minutes par palmier, et ne nécessiterait aucun équipement spécialisé, elle est très sûre (aucune projection à l'extérieur), elle est faite à hauteur d'homme et, en définitive, très peu coûteuse avec une seule injection par an (3).

La stratégie commerciale monopolistique de la société Syngenta France pour l'application des traitements par injection sous pression avec un pistolet injecteur a nui considérablement à l'adoption rapide et à la généralisation de la stratégie de lutte proposée par le CMSP du fait de l’absence de concurrence - pour l'organisation et le contrôle des traitements et - pour l'établissement de leur prix.

Néanmoins, les très bons résultats obtenus avec la lutte collective ARECAP menée par Estérel Côte d’Azur Agglomération montrent la faisabilité d'une organisation collective de la lutte (malgré les limites résultant de ce monopole) et une bonne efficacité des traitements. Une partie des échecs constatés est sans doute causée par l'injection sous pression ainsi qu'à de mauvaises pratiques. Mais elle résulte surtout de l'injection de palmiers asymptomatiques, ou présentant même des symptômes visibles mais non détectés de la présence du CRP, déjà infestés depuis plusieurs semaines ou mois selon la saison, avec des larves au stade final.