Nice, la Prom' : attention danger !

L'hécatombe des palmiers Phoenix s'amplifie

L'hécatombe des palmiers Phoenix canariensis s'amplifie comme nous l'avions annoncé si la Mairie n'abandonnait pas en urgence sa position dogmatique et incompréhensible concernant le traitement des palmiers. (Voir - nos différents articles à ce sujet dans la rubrique "Actualités" dont celui-ci sur les risques de chutes - nos photos témoignages et le message vidéo de Michel Ferry à Christian Estrosi).
Une catastrophe environnementale, des millions d'euros de dégâts, mais la Ville de Nice continue à  bafouer ouvertement la réglementation en vigueur et à faire courir des risques aux piétons, promeneurs et automobilistes qui circulent dans les espaces publics complantés de palmiers.
Qu'attend t'elle : un accident corporel?
Que font les services de l'Etat qui sont en charge de faire appliquer la réglementation ?
Devant l'infestation par un ravageur tel que le charançon rouge des palmiers (CRP)  il n'y a pas 36 possibilités : soit on coupe tous les palmiers, ce qui est évidemment impossible et économiquement catastrophique, soit on organise une lutte collective massive pour arriver à l'éradiquer !
Cette lutte collective doit bien entendu être accessible à tous en terme de facilité d'application et de coût. Aujourd'hui, en attendant mieux, une solution existe, prévue par l'arrêté ministériel de 2010 : l'injection d'émamectine benzoate dans le stipe (tronc) du palmier à hauteur d'homme. Son efficacité a été prouvée par les collectivités qui l'ont correctement appliquée,  la CAVEM en a fait la démonstration.  Son impact sur l'environnement est jugé acceptable par l'ANSES qui émet l'avis (26 février 2016) que c'est la seule stratégie à retenir pour lutter contre le charançon rouge !

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Le dogmatisme du zérophyto

Pourquoi la Ville de Nice refuse t'elle d'appliquer un tel traitement par injection? Parce qu'elle s'est lancée dans une stratégie du zérophyto?
Il y a sans doute à la base une erreur de compréhension ou de vocabulaire.. Zérophyto ( phyto = plante)  voulant dire littéralement qu'on arrête d'apporter des soins aux plantes pour les laisser se débrouiller toutes seules !  Visiblement c'est bien ce qu'appliquent les responsables des espaces verts de la ville de Nice en toute illégalité. En laissant les palmiers dépérir sur place sans les traiter, et en contribuant ainsi à la dissémination du CRP et à sa prolifération dans la région. Ils seront donc tenus pour responsables en cas d'accidents matériels ou corporels qui risquent maintenant se produire à chaque instant dans les espaces publics de la Ville.

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Dans la démarche écophyto, lancé au niveau national et qui s'est traduit par la loi "pour la transition énergétique et pour une croissance verte", zérophyto, est utilisé pour "zéro produit phytosanitaire fabriqué par l'industrie chimique". Si depuis le 1er janvier 2017, la loi interdit aux collectivités d'utiliser des produits phytosanitaires chimiques de synthèse dans les espaces urbains, elle fait exception pour les traitements contre les ravageurs dont la lutte est obligatoire et pour lesquels il n'existe pas de traitements d'origine biologique suffisamment efficaces, ce qui est le cas du CRP.

On peut donc raisonnablement penser que dans l'esprit des décideurs il s'agissait d'utilisation de produits phytosanitaires d'origine biologique. Seuls les nématodes (Steinernema carpocapsae) dont une certaine efficacité avait été démontrée par la recherche publique (IVIA, Station Phoenix), sont autorisés d'emploi aujourd'hui. Les nématodes sont des vers qui ont besoin d'humidité pour survivre et résistent mal aux périodes chaudes et sèches de nos climats. Pour ceux qui font ce choix,  l'arrêté ministériel oblige à les remplacer, l'été (période où  les vols et pontes de CRP et de papillon sont les plus fréquents) par des pulvérisations ou douches de la tête du palmier avec de l'imidaclopride (Confidor) dont on connaît les difficultés d'application en milieu urbain et l'impact sur l'environnement. Ce sont sans doute ces raisons pour lesquelles la Ville de Nice s'exonère impunément de les appliquer avec les conséquences désastreuses que l'on constate.
Malheureusement aujourd'hui encore il n'existe pas de protocole de traitement intégralement biologique et les recherches en cours depuis plus d'une décennie maintenant ne laissent pas entrevoir de miracles à court terme..espérons malgré tout ! Avec le même dogmatisme appliqué aux humains cela conduirait à supprimer tous les médicaments sous prétexte qu'ils sont issus de l'industrie chimique! A noter que tout traitement "bio" ou non est constitué de molécules chimiques! Ce n'est pas parce que c'est bio que c'est bon ! Tout le monde connaît des végétaux qui produisent des substances toxiques dangereuses, le laurier rose, très répandu dans nos régions, par exemple..Avec le bandeau zérophyto sur les yeux, la Ville de Nice va droit dans le mur !

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Quid des expérimentations du Beauveria Bassiana ?

Nous avons assisté cet été au cirque médiatique organisé autour de l'expérimentation de l'épandage aérien, par drone, du Beauveria Bassiana (souche 147), sur les palmiers du parc Vigier de la Ville de Nice,  avec l'autorisation de l'ANSES. Curieux ! Depuis 2012 on nous annonce la mise sur le marché, incessamment sous peu du Beauveria Bassiana comme étant une alternative biologique aux traitements actuels. Mais malgré de nombreuses ADE (autorisations d'expérimentations) délivrées par l'ANSES à différentes collectivités, aucun résultat n'a encore été publié ! On imagine quand même que s'ils avaient été convaincants la firme (Vegetech) se serait empressée de les diffuser. Curieux également que ce soit la souche 147 (autorisée pour les traitements contre le papillon) qui ait été expérimentée au parc Vigier alors que la firme elle-même indiquait que de meilleurs résultats étaient obtenus avec la souche NPP111 ? A quoi joue t'on exactement?
Les citoyens de Nice ont quand même le droit de savoir quel type de produit est répandu dans leur environnement, en quelle quantité, pourquoi faire et avec quel protocole scientifique !  Un dossier à suivre attentivement d'autant qu'on parle beaucoup actuellement dans les couloirs du Ministère de la souche 203 produite par la société espagnole Glen-Biotech dont on attend que les performances aient été scientifiquement démontrées par un laboratoire indépendant.

Pour être efficace, le produit doit atteindre la base des palmes, on voit mal comment cela serait possible avec un épandage par drone même dans des conditions de vent idéales, il faudrait pouvoir utiliser nacelles et lances poudreuses. ! Si on rajoute à cela la faible rémanence du produit, son coût d'application - location du drone et de son pilote, en supposant même que l'épandage par drone soit autorisé un jour (*), tout cela n'en fait pas un candidat sérieux pour la lutte collective de masse comme l'avait déjà prédit dès 2012, Michel Ferry, alors chercheur à l'INRA.

(*)la loi interdit les traitements phytosanitaires aériens en milieu agricole sauf dérogation drastique et complexe et ils sont même dans ces cas là strictement interdit à moins de 50 mètres de toute habitation. A la différence des macro-organismes (insectes, nématodes, ..), les micro-organismes (Beauveria Bassiana,..) même s’ils sont classés comme produits bio sont considérés comme des produits phytosanitaires à part entière (RCE n°1107/2009) et donc ne peuvent être utilisés par traitement aériens (Réglementation européenne et a fortiori française). A noter que la souche 147 est classée Xi (irritante) dans l'AMM délivrée par l'AFSSA le 10 avril 2009 pour le traitement du PA.

 

Le remplacement des Phoenix canariensis (Pc) par des Phoenix dactyliféra (Pd) : la roulette russe pour l'avenir !

Le grand Phoenix dactyliféra de plus de 4 à 5m de stype est moins attaqué par le charançon mais les attaques sont plus sournoises et pernicieuses, difficiles de les détecter! Si les attaques du Pc se font essentiellement à la tête du palmier avec le risque de chute des palmes et du pinceau central lorsque le palmier reste infesté sans être traité, les attaques sur le dactyliféra sont le plus souvent latérales ou à la base du palmier, en particulier dans le cas de rejets qui sont les plus vulnérables, et les palmiers non traités préventivement, peuvent s'écrouler sur la voie publique avec une bourrasque de vent, sans avoir manifesté de signes d'infestations préalables ! (Voir nos différents articles sur ce sujet dans la rubrique "Actualité" par exemple ICI et très récemment encore en Sardaigne).

 

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crédits photos : JLF  (photos 1 à 5 prises sur la Promenade des Anglais le 14 septembre 2017 entre le Quai des Etats Unis et le Port - photos 6 à 8 prises le 26 mai 2017 sur la Prom')