Hyères pourra t'elle mettre fin à l'hécatombe de ses palmiers ?


Fréjus le 24 juillet 2016


L'Hécatombe des palmiers : nécessité d'un plan d'action européen !
 La responsabilité de l'Etat est engagée !

En tant qu'association de propriétaires de palmiers, nous devrions avoir toutes les raisons de nous réjouir de l'annonce parue dans Var-Matin du 22 juillet 2016 concernant l'accord intervenu entre la municipalité d'Hyères et la socièté Syngenta, qui a obtenu pour la Ville, les particuliers et les communes de TPM, comme la CAVEM quelques mois avant elle, un prix de traitement de 72€ par palmier.
En fait, malgré le sensationnel de l'effet d'annonce, il ne faut pas s'y tromper, si une lutte collective n'est pas organisée immédiatement sur l'ensemble du littoral méditerranéen français et transfrontalier, seule la multinatinonale et ses commissionnaires vont y trouver leur intérêt au détriment de celui des propriétaires, de tous les professionnels agréés CRP qui sont exclus de la lutte, et de la sauvegarde des palmiers à moyen et long terme.
Un piège commercial bien tendu et qui risque malheureusement, se refermer sur ceux qui vont s'y laisser prendre !
Espérons malgré tout que cette lutte collective s'organise rapidement. Et que Hyères, qui a déjà perdu plus d'un millier de palmiers, soit porteuse du flambeau de cette lutte si elle ne veut pas devenir d'ici 3 ou 4 ans "Hier les palmiers"
Pour l'instant malheureusement, seule Syngenta peut réellement se féliciter de cet accord !

 

Un piège commercial ?


Tous les scientifiques sont d'accord sur un point et c'est une évidence pour tout le monde, pour enrayer une prolifération d'un ravageur de ce type qui se reproduit plusieurs fois dans l'année et dont la femelle est capable de pondre plusieurs centaines d'oeufs dans sa courte vie de quelques mois, il faut l'attaquer partout et en même temps pour éviter des problèmes de réinfestation. PourL cela seule une lutte collective organisée et coordonnée entre propriétaires publics et privés peut permettre d'y arriver et la difficulté est bien là!
Tant que cette lutte ne sera pas organisée, on pourra éventuellement reculer l'échéance de 2 ou 3 ans mais l'hécatombe reprendra de plus belle et les malheureux propriétaires qui auront fait traiter leurs palmiers se retrouveront dans la même situation qu'avant mais, sans pouvoir continuer à traiter par endothérapie.
En effet tous les scientifiques de l'INRA, du Ministère de l'Agriculture, de l'ANSES et même de Syngenta sont d'accord sur ce point : l'endothérapie n'est pas un traitement anodin et ne peut-être réalisé que quelques années de suite pour ne pas engendrer une fragilisation trop importante et des risques de chute. Il est d'ailleurs clairement annoncé dans l'article de Var-Matin que la Ville ne s'engagerait que dans une campagne de traitements des palmiers publics sur 3ans...
Il est donc trompeur et abusif pour les propriétaires de palmiers de les engager à traiter leurs palmiers par endothérapie en dehors d'une lutte collective organisée et limitée dans le temps. La seule gagnante dans cette affaire, tant qu'elle n'a pas de concurrence, serait la multinationale Syngenta car les traitements par endothérapie au coup par coup vont se multiplier dans tout le Var sans qu'aucune stratégie collective n'y soit pour l'instant envisagée.


Un prix convenable pour qui ?


Certes, on pourrait trouver convenable de passer de 256€ à 72€ , ce qui devrait permettre de traiter 3,5 fois plus de palmiers pour le même budget !
Syngenta admet, dans le cadre de ses négociations avec la CAVEM que le prix de 72€  peut se décomposer en deux parts: la part produit =36€ ttc et la part main d'oeuvre = 36€ ttc qui revient à l'applicateur en tant que commissionnaire de Syngenta. Or si ce prix de 36€ pour l'applicateur peut-être considéré comme "convenable" pour le traitement d'un palmier isolé, il ne l'est plus du tout dans le cas d'un chantier groupé, ce qui est le cas des palmiers publics ou des palmiers privés regroupés sur un même site.
Bien que le temps strictement nécessaire, montre en main, pour traiter un palmier ne dépasse pas 3mn, nous allons prendre une moyenne de 6 mn pour simplifier les calculs et tenir compte des déplacements d'un palmier à l'autre et des aléas, sur la base d'un taux horaire de 50€/h (7000€/mois), le coût réel de l'applicateur ne dépasserait donc pas 5€ttc/palmier.
Le prix non dégressif imposé par Syngenta a pour conséquence de faire varier considérablement le taux horaire de l'applicateur qui passe de 50€/h pour traiter un palmier à 205€/h pour en traiter 2, à 257€/h pour en traiter 3, à 300€/h pour en traiter 5 !  Une véritable aubaine pour les quelques élus car pour eux nos palmes valent de l'or !
Et cela sans aucune possibilité de mise en concurrence par les propriétaires consommateurs.
Sans parler du prix du produit lui même très largement supérieur au prix de vente pratiqué par les revendeurs de Syngenta aux USA sur Internet.
Même si un premier pas est fait, nous sommes encore loin des objectifs de prix négociables pour une lutte collective portant sur plusieurs dizaines voire centaines de milliers de palmiers.

 

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Fréjus - juin 2016 - une allée de palmiers patrimoniaux


Les conditions préalables pour organiser une lutte collective  


 L'enfer dit-on est pavé de bonnes intentions ! On comprend bien qu'Hyères comme la CAVEM avant elle, sont passés sous les fourches caudines de Syngenta sans que les conditions préalables nécessaires et indispensables pour organiser une véritable lutte collective aient été établies.
Pour permettre de créer les conditions de réussite des luttes collectives, l'association des propriétaires de palmiers Var Est Méditerranée ( PROPALMES83) vient d'adresser le 1er juillet 2016 une lettre ouverte au Ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll pour lui demander son aide et son soutien afin d'arrêter cette hécatombe dont son ministère porterait la responsabilité si l'arrêté du 21 juillet 2010 n'était pas modifié. Vous pouvez retrouver l'intégralité de cette lettre, dans notre rubrique Actualités dont les points essentiels sont :


1) L' endothérapie doit être réservée pour les luttes collectives organisées. Elle n'a aucun sens pour les traitements "au coup par coup" et constitue une tromperie pour les propriétaires.


2) La lutte contre le CRP est obligatoire. L'arrêté prévoit 3 stratégies. Ces 3 stratégies, ou plus exactement protocoles de traitement, doivent pouvoir être appliquées par tous les professionnels agréés Certiphyto et CRP sur une base de libre concurrence.


3) L'arrêté du 21 juillet 2010 doit être corrigé pour supprimer des anomalies résiduelles et adapté pour tenir compte des préconisations de Michel Ferry (directeur scientifique de la Station Phoenix) concernant la stratégie 3 basée sur l'endothérapie, dont : injection sans aucune pression pour éviter d'accroître l'effet phytotoxique du produit, extension des traitements par injection de "Revive" toute l'année de préférence au printemps et en dehors des périodes pluvieuses, traitement après assainissement des palmiers avec injection à 1m sous la couronne, etc..


4) Recherche et mise sur le marché de produits alternatifs peu couteux et en libre concurrence.


Bien entendu la modification de l'arrêté ne suffira pas s'il n' ya pas une réelle volonté politique. Cette volonté politique doit s'affirmer dans l'application d'une stratégie de lutte collective  pour faire régresser rapidement la population des CRP en s'appuyant sur la FREDON et les services de l'Etat, chargés de faire appliquer l'arrêté (DRAAF / SRAL) et en impliquant tous les acteurs concernés : services techniques, professionnels et propriétaires de palmiers.


Il est indispensable que le traitement généralisé des palmiers soit piloté par les collectivités pour obtenir l'adhésion d'une large majorité de propriétaires, permettre de regrouper les traitements dans l'espace et dans le temps, effectuer un suivi des palmiers traités et localiser les palmiers qui resteraient non traités pour  aider ou si nécessaire contraindre leurs propriétaires à respecter la loi .


Les collectivités doivent se mobiliser rapidement pour que le CRP reste un parasite de lutte obligatoire. Elles doivent faire savoir très vite au Ministère qu'elles ont décidé d’adopter une stratégie collective en vue de l’éradication du ravageur pour que l'obligation de lutte contre ce ravageur soit maintenue. Si ce n'était pas le cas,  l’emploi du « Revive » ou de tout autre produit phytopharmaceutique utilisant l'émamectine benzoate, efficace pour lutter contre le CRP ne serait plus autorisé en espaces verts publics, conformément à la loi Labbé et à la loi 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique.

Daniel Chabernaud
vice-président PROPALMES83