Charançon rouge : histoire d'une faillite des autorités phytosanitaires européennes
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- Publication : mercredi 27 novembre 2019 11:53
Michel Ferry et Susi Gomez ont plus de 30 ans d'expérience dans le traitement des palmiers, ils retracent l'histoire d'une faillite des autorités phytosanitaires européennes dans la gestion du charançon rouge du palmier.
Lors de l'assemblée générale du CMSP en octobre 2017 à Bordighera, Michel Ferry, anticipant la décision de la Commission européenne d'abroger la lutte obligatoire contre le CRP qui est entrée en vigueur le 1er octobre 2018 avait tenu à faire l'historique des erreurs successives qui ont été commises et des raisons pour lesquelles la propagation du CRP s'est développée de manière exponentielle dans les régions méditerranéennes en Europe, alors qu'elle pouvait être enrayée si les mesures avaient été prises à temps.
Aucun enseignement n'a été tiré par les responsables de la Santé des végétaux sur les raisons de cet échec pour corriger les erreurs et prendre les mesures indispensables pour éviter une catastrophe environnementale dans les zones contaminées. La Direction générale de l'alimentation, en charge de la Santé des végétaux au ministère de l'Agriculture nous a affirmé s'être opposée à la décision européenne mais les dispositions qu'elle a prise dans l'arrêté du 25 juin 2019 démontrent qu'il ne s'agit que d'une posture sans réelle ambition de lutter contre ce ravageur puisque les traitements préventifs, qui sont à la base même d'une lutte intégrée efficace ne sont plus obligatoires dans les zones contaminées ! Un comble pour un arrêté de lutte obligatoire contre le CRP ! Ce nouvel arrêté ne corrige en rien les faiblesses du précédent et sera mortifère pour nos palmiers s'il n'est pas modifié très rapidement ! Ce que nous avions demandé au Ministre dans notre lettre du 4 septembre 2019
Ces erreurs successives au niveau européen et national conduisent inéluctablement d'abord à la disparition des palmiers des Canaries de nos régions et tôt ou tard à la disparition progressive des palmiers, le CRP pouvant s'attaquer à de très nombreuses espèces.
Le pire, c'est que différentes collectivités (Arecap/Cavem, Palmiers06/Vence +10 autres communes), en partenariat avec des associations membres du CMSP (Propalmes83, Les palmiers du Pays vençois, et maintenant PalmierSud) ont fait la démonstration que la stratégie de lutte collective de Michel Ferry, appliquée sur plus de 6000 palmiers (dont plus de 90% privés) donnait d'excellents résultats. Alors pourquoi les services de la DGAL à qui nous les avions présentés en délégation les 25 octobre 2018 et qui étaient convaincus du bien fondé de la démarche n'en n'ont ils pas tenu compte? Pourquoi, alors que l'ensemble des partcipants, à la réunion nationale "dite de concertation" du 11 février, demandait que les traitements préventifs soient obligatoires sans distinction de zone géographique, pourquoi l'arrêté a t'il été publié avec des dispositions contraires ? De qui se moque t'on ?
Dans ce nouvel arrêté le rôle des associations et des propriétaires privés dont les palmiers représentent plus de 90% du total est totalement passé sous silence ! ..impuissants, les services du ministère ont passé le problème aux préfets de région et aux CROPSAV (Conseil régional d'orientation de la politique sanitaire animal et végétal). A noter que dans ce Conseil censé remplacer les Copil régionaux, les acteurs de terrain sont totalement exclus et les associations sont simplement invitées à écouter !
Les services du ministère n'ont malheureusement tiré aucun enseignement, méthode, outil, organisation de lutte collective depuis 10 ans ! Ils se trouveront tout aussi démunis pour faire face aux nouvelles menaces qui apparaissent : Xylella fastidiosa qui menace les Oliviers, nématodes qui menacent les Pins, le tigre qui menace le Platane, le charançon noir qui s'attaque aux agaves, le charançon du figuier découvert récemment par les producteur de Solliès, etc..
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