Lutte contre le charançon rouge du palmier : combien de palmiers faut-il traiter et avec quels produits ?
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- Publication : lundi 10 février 2025 16:05
Lutte contre le charançon rouge du palmier : combien de palmiers faut-il traiter et avec quels produits ?
1) La « Stratégie de la dernière chance ».
2) Les résultats de la campagne de traitement ARECAP constatés à fin 2024.
3) Le prolongement d’ARECAP dans les Alpes maritimes et le Var.
4) Pourquoi est-il indispensable que la lutte intégrée soit collective !
5) Pourquoi faut-il que la lutte collective soit une lutte intégrée ?
6) Combien de palmiers faut-il traiter et avec quels produits ?
7) Comparaison entre les différents traitements préventifs autorisés.
8) Sans lutte collective, les traitements, quels qu’ils soient, sont voués à l’échec.
6 ) Combien de palmiers faut-il traiter et avec quels produits ?
Aujourd’hui encore les palmiers les plus ciblés par les CRP sur le territoire national restent les Phoenix canariensis. Michel Ferry a démontré (conférence FAO de Bari 25 octobre 2018) qu’il suffirait que 75 % de ces palmiers présents sur une zone géographique isolée, soient traités préventivement pendant au moins 3 ans avec un produit suffisamment efficace, pour réduire drastiquement leur population sur cette zone ce qui permettrait, ensuite de l’éradiquer en traitant les foyers résiduels avec des produits biologiques.
La principale difficulté pour tous les propriétaires qu’ils soient publics ou privés ce sont les traitements préventifs. Le nombre des traitements annuels, les contraintes pour leur application, leur impact sur l’environnement, leur efficacité, leur coût sont des facteurs déterminants pour l’adhésion des propriétaires privés qui est indispensable.
7) Comparaison entre les différents traitements préventifs autorisés.
Les seuls produits phytosanitaires utilisables à ce jour, pour lutter contre le charançon rouge du palmier sont spécifiés par la note DRAAF/ SRAL du 18 jullet 2023 à savoir : les nématodes ,les Beauveria bassiana souches 111 et 147 qui sont des produits de biocontrôle et le Revive2 (Syngenta) à base d’émamectine benzoate qui est un produit d’origine chimique.
Dans l’état actuel de la législation : arrêté du 25 juin 2019 (lutte obligatoire contre le CRP ) et arrêté du 15 janvier 2021 applicable au 1er juillet 2022 faisant suite à la loi Labbé modifiée, si les traitements d’origine biologique sont autorisés sur tout le territoire national, les traitements préventifs chimiques ne sont autorisés par exception (art 14.4 -1) que dans le cas de la lutte visant la destruction et la prévention de la propagation des organismes nuisibles réglementés en raison de la gravité qu'ils représentent, dans les zones contaminées du pourtour méditerranéen et dans les communes dont la liste est publiée dans l’annexe de l’arrêté du 25 juin 2019, après approbation de leur plan de lutte, conforme aux exigences de l’article 7b de cet arrêté, préalablement déclaré au SRAL et validépar le CROPSAV.
7.1) Les traitements bio.
Les nématodes et le Beauveria ont une efficacité « variable », insuffisante en présence d’une population importante de charançons (ce qui est encore malheureusement le cas pour la plupart des communes de la Région Sud) avec des contraintes climatiques à respecter pour leur stockage et leur application. Mais aussi parce qu’ils nécessitent des traitements fréquents, au moins tous les mois (21 jours recommandés) ce qui exclut pratiquement les palmiers situés dans des résidences secondaires. Leur application sur les palmiers de plus de 2m de stipe est problématique et difficile, nécessitant des outils adaptés et /ou l’utilisation de nacelles ce qui surenchérit considérablement leur coût qui devient dissuasif pour des propriétaires privés. Les contraintes imposées pour le respect de l’environnement concernant les Beauveria , dont principalement le délai de rentrée de 6h, et l’application de la tombée de la nuit à l’aube, les rendent inaptes pour une lutte collective.
De 2010 à 2015, en absence de produits plus efficaces, plusieurs communes avaient déjà fait l’expérience des traitements avec des nématodes pour éviter d’utiliser l’Imidaclopride pendant la saison touristique mais de nombreuses pertes avaient été constatées compte tenu des contraintes imposées .
Photo DC – 2015 Palmiers infestés à Fréjus malgré des traitements avec des nématodes.
A Nice les expériences menées avec des traitements mixtes nématodes et Beauveria bassiana souche 111 se sont soldées par la perte des Phoenix canariensis patrimoniaux des parcs Vigier (photo 06) et du Castel des deux rois (voir notre article « Beauveria : produit miracle ou poudre aux yeux ? » publié le 2 mai 2018 .
7.2) Le seul traitement chimique autorisé.
L’injection de Revive2 de la société Syngenta, est actuellement le seul traitement préventif chimique autorisé sur les palmiers sains ou assainis dans le cadre d’une lutte collective validée.
Même si ce n’est pas un vaccin, le traitement par injection d’émamectine benzoate dans le stipe du palmier, agit comme un vaccin dans la mesure où il est transporté par la sève montante du palmier et se répand donc dans tous les tissus sains dont se nourrissent exclusivement les larves. La dose de matière active a été déterminée afin que sa concentration reste suffisante pendant 12 mois pour tuer au moins les larves néonatales. Il a donc de ce fait un effet préventif puisqu'il évite que le palmier soit infesté. Se faisant, il met fin à la reproduction du ravageur ce qui conduit à sa régression et, à terme, à sa disparition.
'Son efficacité, sa facilité d’application, le fait qu’une seule application par an soit nécessaire (ce qui rend possible le traitement des palmiers des résidences secondaires), et son coût (80,4€ TTC/an/palmier en 2024) en font, de très loin, le traitement le plus acceptable financièrement par les propriétaires privés et le mieux adapté à la lutte collective avec un impact acceptable pour l’environnement pour traiter les palmiers Phoenix, cibles privilégiées par les charançons.
Le produit insecticide, injecté à hauteur d’homme, reste confiné à l’intérieur du stipe sans aucun contact avec l’extérieur ce qui permet son utilisation, y compris en milieu urbain sans risque pour la population. Son emploi est d'ailleurs autorisé sans délai de rentrée.
8) Sans lutte collective, les traitements, quels qu’ils soient, sont voués à l’échec.
L’hécatombe des palmiers à Nice, Ajaccio et dans bien d’autres villes de la Côte méditerranéenne démontre que sans lutte collective, les traitements, quels qu’ils soient, sont voués à l’échec.
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Très récemment, s'est posé la question de savoir si tous les palmiers étaient condamnés à Perpignan et dans les Pyrénées-Orientales ? Des palmiers infestés par le CRP ont été déclarés l'année dernière dans les Landes et le Morbihan et en 2023 en Charente-Maritime.
Il est important de faire savoir que plusieurs communes n’ont pas baissé les bras et obtiennent des résultats très significatifs. Afin de redonner espoir à celles qui se battent encore pour sauver leurs palmiers et les inciter à organiser rapidement une lutte collective sur leur territoire pour arrêter la propagation du charançon et le détruire.
Voir l’article publié sur france 3 Provence Alpes Côte d’Azur / Cannes
Voir aussi notre article « Lutte collective intégrée, seule stratégie possible contre le charançon rouge ! » publié le11 juillet 2024