Résultats ARECAP 2024

Lutte intégrée collective contre le charançon rouge du palmier : résultats ARECAP à la fin de la campagne de traitements 2024

 

1) La « Stratégie de la dernière chance ».
2) Les résultats de la campagne de traitement ARECAP constatés à fin 2024.
3) Le prolongement d’ARECAP dans les Alpes maritimes et le Var.
4) Pourquoi est-il indispensable que la lutte intégrée soit collective !
5) Pourquoi faut-il que la lutte collective soit une lutte intégrée ?
6) Combien de palmiers faut-il traiter et avec quels produits ?
7) Comparaison entre les différents traitements préventifs autorisés.
8) Sans lutte collective, les traitements, quels qu’ils soient, sont voués à l’échec.

 

 

 

2) Les résultats de la campagne de traitement ARECAP constatés à fin 2024

 

2.1) La faisabilité
Grâce aux équipes sur le terrain de Fabien Walicki en charge du service de Lutte contre les nuisibles à la Communauté d’Agglomération, nous avons pu démontrer sa faisabilité avec plus de 2000 propriétaires impliqués, quelque 6000 palmiers inspectés dont 5300 ont été traités parmi lesquels plus de 3500 palmiers Phoenix canariensis ( 90 % privés) – chiffres donnés en moyenne par an entre 2016 et 2024. 

BILAN ARECAP 2024   SRAL 2

BILAN ARECAP 2024   SRAL 3

2.2) Son efficacité

Son efficacité est évaluée chaque année en analysant, d’une part les constats de l’état sanitaire des palmiers enregistrés et suivis par les applicateurs et d’autre part, les relevés des captures dans un réseau de plus de 1050 pièges dont 1/3 sont confiés aux propriétaires privés bénévoles.

Bilan Arecap 2024   resultats 4

Les échecs apparents correspondent aux palmiers injectés considérés comme sains en 2023 mais détectés infestés, assainis ou morts en 2024, lorsque cette évolution ne peut-être attribuée à une cause externe au traitement et à condition que les palmiers aient été traités par injection à moins de 13 mois d'intervalle.

Globalement le taux d’échecs apparents moyens constatés, toutes espèces confondues, est de 2,98 % des palmiers injectés en 2023. Il est de 3,73 % pour les palmiers des Canaries (Phoenix canariensis) et de 4 % pour les palmiers dattiers (Phoenix dactylifera). En 2024, les Washingtonia mis à part, pour lesquels le taux d’échecs reste très faible car peu attaqués par le charançon, on constate une augmentation des échecs sur les palmiers dattiers et autres espèces qui, bien que beaucoup moins nombreux seront à surveiller.

 

BILAN ARECAP 2024   SRAL 10

BILAN ARECAP 2024   SRAL 7

 

Après une très nette décroissance des captures de CRP entre 2018 et 2020 on constate une stabilisation qui pourrait être liée à la présence de foyers résiduels qu’il faudrait éliminer.

Pour réduire ces foyers résiduels, il faut :
1) que les propriétaires de palmiers surveillent très attentivement et très régulièrement (au moins une fois par mois) l'état sanitaire de leurs palmiers pour pouvoir détecter une infestation éventuelle. En cas de doute ou de suspicion il faut demander l'avis d'un professionnel agréé par la Draaf et si nécessaire les faire assainir très rapidement pour éviter la dissémination des charançons dans l'environnement (à noter que tous les professionnels agréés par la Draaf pour lutter contre le CRP peuvent  conseiller ou pratiquer un assainissement, un étêtage, voire l'abattage d'un palmier qu'il serait impossible de sauver (subclaquant ou mort) sans être obligés de passer par un applicateur ARECAP). Par contre, afin de pouvoir suivre l'état des palmiers traités, il est important d'en informer le service LCN qui regroupe et analyse l'ensemble des données permettant, en collaboration avec CMSP/Propalmes 83, d’évaluer l’évolution de la situation et les résultats de la lutte collective.

 BILAN ARECAP 2024   SRAL 13

 

2) que les propriétaires de palmiers continuent à faire traiter préventivement leurs palmiers avec les produits autorisés. On constate plusieurs cas où certains s'arrêtent ou abandonnent (volontairement ou involontairement) le traitement par injection puis le reprennent ensuite quelques fois. Le manque de constance  dans la surveillance et le suivi des traitements des palmiers est une aubaine pour le charançon et retarde aussi son éradication du territoire ;

3) que les communes limitrophes s'engagent très rapidement dans la même démarche de lutte collective pour arriver à une réduction pérenne de la population de CRP sur l’ensemble de la Région.

Le taux de mortalité constaté sur les palmiers traités est nettement plus faible que le taux d’échecs apparents puisque de nombreux palmiers infestés seront assainis puis traités et les palmiers qui ont été assainis seront traités préventivement. Il est de 1,5 %  en moyenne par an depuis 2016 suivant les constats des applicateurs et de 1,7 % en 2024.  Cependant ce taux n'est pas significatif sans explications détaillées complémentaires pour chacun des cas,  car de nombreux paramètres peuvent intervenir.

Le mieux pour se convaincre de l'efficacité du traitement est de constater la situation sur place : voir les photos ci dessous qui ont été prises sur plusieurs sites de Fréjus avec des alignements de palmiers des Canaries :

 -Photo 02: l’alignement des 38 palmiers des Canaries, patrimoniaux et majestueux de la Résidence du Parc de Valère, traités depuis 2016 et toujours présents aujourd’hui (alors que la résidence en avait perdu 5 en 2015 malgré des traitements aux nématodes -Photo 01).

 

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Photo 01 - Alignement des palmiers patrimoniaux de la résidence du Parc de Valère, assainis en 2016 et traités par injection dans le cadre d'ARECAP- Photo CMSP-DC - le 27 juin 2016

 

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Photo 02 - Alignement des Phoenix canariensis patrimoniaux de la résidence du Parc de Valère, traités depuis 2016 - Photo CMSP-DC - le 27 mars 2024 

- photo 03 : les palmiers des Canaries qui bordent la promenade le long du canal de Port-Fréjus II,  traités par injection, dans le cadre d'ARECAP ...

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Photo 03 - Palmiers des Canaries en bordure de la promenade le long du canal de Port-Fréjus II, suivis et traités depuis 2016 - Photo CMSP-DC - le 7 mai 2024 

- photo 04 : ou les palmiers des Canaries qui bordent les boulevards d'Alger et de la Libération sur le front de mer ...

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Photo 04 - Palmiers des Canaries sur le front de mer à Fréjus, traités avec ARECAP depuis 2016 - Photo Google Earth Street View de mars 2023.

Si nous comparons la situation des palmiers de la résidence du Parc de Valère en mars 2024 (photo 02)
- à (photo 06) celle des palmiers patrimoniaux du Parc Vigier à Nice (tout à fait comparables au niveau patrimonial) qui avaient été traités au
Beauveria et nématodes en 2017 et qui ont été décimés et remplacés, pour la plupart, à partir de 2018 par d’autres espèces d’arbres,...

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Photo 05 - Vue du Parc Vigier depuis le boulevard Pilatte – Photo Google Earth Street View en septembre 2016

 

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Photo 06 - Vue du Parc Vigier depuis le boulevard Pilatte– Photo CMSP/DC 10 décembre 2017

 

- ou à celle (photo 08) de la célèbre et magnifique « place des palmiers » à Ajaccio qui à défaut reprendra sans doute le nom un peu plus glorieux de Place du Maréchal Foch après l'abattage et le remplacement des palmiers des Canaries :

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 Photo 07 - La Place des Palmiers (Place du Maréchal Foch) à Ajaccio à l’époque de sa splendeur Photo Google Earth en octobre 2008

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 Photo 08 - La Place du Maréchal Foch à Ajaccio après abattage et remplacement des palmiers Photo Google Earth en juin 2024.

car faute de ne pas avoir organisé une lutte intégrée collective, Ajaccio, était, elle aussi, dans l’incapacité de sauvegarder son patrimoine exceptionnel malgré des dépenses considérables pour des traitements mal utilisés (par exemple le recours à des traitements par injection de palmiers visiblement infestés!) et qui se sont bien sûr avérés inefficaces (le CMSP en avait averti la municipalité et proposé bénévolement son soutien technique).

Les superbes Phoenix canariensis emblématiques ont été, là aussi, coupés et remplacés par des arbres ou des espèces différentes grâce aux deniers publics (290000euros !! qui s'ajoutent à la perte d'un patrimoine végétal exceptionnel inestimable ! ) voir les articles parus dans Corse Matin  ci-après :
«  La place des Palmiers à Ajaccio est en train de perdre ses arbres » du 31 décembre 2020
« Ajaccio : le combat - perdu ? - contre le charançon rouge continue » du 26 octobre 2021
« La place dite "des Palmiers" à Ajaccio va changer d'arbres et de visage » du 8 décembre 2022
ou « Ajaccio : vers un nouveau visage pour la place des palmiers ! » le 16 novembre 2023 ;

- ou plus récemment encore à Perpignan (photo 09) : l’article paru sur l’Indépendant le 17 février 2025 « C’est fini ! Les palmiers de la place Arago à Perpignan ont été abattus » :

 120800 Perpignan place Arago

Photo 09 - Place Arago à Perpignan – Photo Google Earth Street View août 2012

Comment ces collectivités ont-elles pu être aussi mal conseillées pour en arriver à perdre un tel patrimoine ! Alors qu’il était possible de le sauver en appliquant la Stratégie de la dernière chance ?
Les responsabilités sont multiples et à rechercher à tous niveaux ! Voir nos articles : «Les palmiers perdus : histoire d'une faillite des autorités phytosanitaires européennes » publié le 14 octobre 2017 ou « L'Anses veut-elle lutter contre la disparition des palmiers sur l'arc méditerranéen ? » publié le 23 décembre 2018...

Elles ont non seulement laissé perdre un patrimoine végétal exceptionnel dont elles avaient la responsabilité alors qu’il était possible de le sauver en luttant pour éradiquer le charançon rouge du palmier, mais elles ont contribué à sa dispersion dans l’environnement et au développement de sa population dans notre région au détriment des actions menées par les collectivités engagées dans une lutte collective.

 

...nous avons donc effectivement quelques raisons d’être plutôt satisfaits du résultat obtenu par ARECAP après 9 ans de lutte. Mais conscients aussi que ce résultat n’est pas définitif et évoluera dans une large mesure en fonction de l’engagement des communes limitrophes dans une même démarche de lutte collective pour arriver à une réduction pérenne de la population de CRP sur l’ensemble de la Région. Un espoir qui pourrait être menacé si le Ministère décidait d’abroger l’arrêté de lutte obligatoire du 25 juin 2019 ce qui serait absurde et impardonnable par tous les particuliers et les municipalités qui luttent depuis des années pour préserver leurs palmiers.Tous leurs efforts seraient réduits à zéro. Pour éviter un tel désastre, il serait sans doute souhaitable que l’ensemble des communes concernées manifestent leurs préoccupations aux autorités régionales.

 

3) Le prolongement d’ARECAP dans les Alpes maritimes et le Var.


En 2017 l’association Les Palmiers du Pays Vençois (également membre du CMSP), bénéficiant de l’expérience acquise par ARECAP a lancé une opération similaire sur Vence, qui a abouti à la création de l‘association PalmierSud, laquelle, malgré la période difficile de l’épidémie de COVID19, a réussi à rassembler et motiver 14 autres communes des Alpes Maritimes et du Var à s’engager dans la lutte collective approuvée par arrêté ministériel du 4 juillet 2023. En 2024, 3 autres communes ont rejoint la lutte collective portant à 22 le nombre de communes engagées par l’arrêté modificatif du 22 juillet 2024. Depuis l'arrêté du 1er août 2024, la liste des communes figurent à l'annexe de l'arrêté du 25 juin 2019.

Alpes-Maritimes : Beaulieu-sur-Mer, Biot, Cannes, Grasse, La Colle-sur-Loup, Le Cannet, Mougins, Opio,  Roquefort-les-Pins, Saint-Jeannet, Saint-Paul-de-Vence, Théoule-sur-Mer, Tourettes-sur-Loup, Vallauris, Villeneuve-Loubet
Var : Bormes-les-Mimosas, Fréjus, La Londe-les-Maures, Les Adrets de l'Estérel, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens, Saint-Raphaël.

 

Il est important de faire savoir que plusieurs communes n’ont pas baissé les bras et obtiennent des résultats très significatifs. Afin de redonner espoir à celles qui se battent encore pour sauver leurs palmiers et les inciter à organiser rapidement une lutte collective sur leur territoire pour arrêter la propagation du charançon et le détruire.

 

Voir l’article publié sur france 3 Provence Alpes Côte d’Azur / Cannes

« 16 000 palmiers préservés : où, en est-on, de la lutte contre le charançon rouge dans le Var et les Alpes-Maritimes »

 

Voir aussi notre article « Lutte collective intégrée, seule stratégie possible contre le charançon rouge ! » publié le11 juillet 2024