ARECAP La lutte collective intégrée pour sauver les palmiers continue en 2022 - résultats de la campagne 2021
- Détails
- Publication : samedi 26 mars 2022 13:02
ARECAP*
Action en Réseau pour l'Eradication du Charançon rouge et l'Assainissement des Palmiers
La lutte collective intégrée pour sauver les palmiers continue en 2022.
ARECAP est une démonstration de la faisabilité d'une lutte collective intégrée pour lutter contre le charançon rouge des palmiers (CRP). Elle est fondée sur les principes énoncés par Michel Ferry en 2015 dans sa "stratégie de la dernière chance pour sauver les palmiers".
Les équipes du service LCN (Lutte Contre les Nuisibles) de la Direction de l’Environnement d'Estérel Côte d’Azur Agglomération qui ont en charge ARECAP, agissent depuis 2016 en partenariat avec l’association Propalmes83.
Les actions menées portent
1) sur l’organisation de traitements préventifs,
2) sur un piégeage dense urbain (opération 1000 pièges),
3) sur la détection des foyers infestés et les actions auprès des propriétaires,
4) sur la prospection de traitements alternatifs qui pourraient faire suite aux traitements par injection lorsque la population de charançons aura atteint un seuil de nuisance contrôlable avec les seuls insecticides biologiques autorisés.
L’objectif qui était de traiter, en 3 à 5 années , 75 % des palmiers Phoenix canariensis présents sur le territoire, n’a pas encore été atteint.
Cet objectif se heurte à un obstacle majeur : la difficulté de mobiliser rapidement l'ensemble des propriétaires, découragés et rendus impuissants après l'abandon de la lutte contre le charançon rouge par les autorités sanitaires dans les régions infestées du bassin méditerranéen (voir note 1).
Et pourtant les résultats de la campagne ARECAP 2021 montrent que les traitements par injection restent efficaces et que l'action combinée avec le "piégeage dense urbain" permet de réduire de manière significative la population des charançons qui est en nette régression depuis 2017.
Ces résultats très encourageants permettent d’espérer faire baisser suffisamment la population de charançons les deux prochaines années et, s’ils sont confirmés en 2022, de pouvoir traiter les foyers résiduels avec des insecticides biologiques, dont l'efficacité est malheureusement insuffisante, tant qu'ils ne sont pas isolés et que la pression du CRP est trop élevée.
La lutte collective intégrée contre le charançon rouge des palmiers va donc se poursuivre en 2022 avec les propriétaires publics et privés des 5 communes de la Communanté d'agglomération Estérel Côte d'Azur Agglomération (ex Cavem) : Les Adrets-de l'Estérel, Fréjus, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens et Saint-Raphaël.
Comme les années précédentes, ils pourront faire traiter préventivement leurs palmiers par injection dans le stipe (tronc) d'un insecticide dont la substance active est l'émaméctine benzoate. L'insecticide est transporté par la sève montante. Son action les protége pendant un an des attaques des charançons rouges, en tuant leurs larves qui se nourrissent de la sève en mastiquant les tissus sains et qui finissent par tuer leur hôte. L'insecticide est confiné dans les tissus du palmier et son impact sur l'environnement est acceptable selon le rapport de l'Anses.
Les injections annuelles sont réalisées par 3 applicateurs, sous contrat avec Syngenta, qui ont été retenus par la Communauté d'agglomération. Le prix forfaitaire de 72€ ttc par palmier traité, est réglé directement à l'applicateur par les propriétaires de palmiers.
ARECAP : Bilan des résultats de la campagne 2021
1/ Traitement préventif des palmiers.
Plus de 2100 propriétaires se sont impliqués dans le lutte. Au total 6064 palmiers dont 90 % de palmiers privés, inscrits à ARECAP en 2021, ont été visités par les applicateurs.
Sur les 6064 palmiers inscrits, 5884 palmiers ont pu être traités par injection.
3873 palmiers Phoenix canariensis (palmier des Canaries), les plus sensibles aux attaques du CRP, ont été injectés (dont 91 % privés), en léger recul (-1,2%) par rapport à 2020.
Taux des échecs apparents* (TEA) constatés en 2021 sur les palmiers injectés en 2020.
*Le taux d’échecs apparents est calculé en tenant compte de la régression de l’état sanitaire d’un palmier l’année N par rapport à l’année N-1. Il prend en compte non seulement les palmiers morts mais également ceux qui ont été reconnus infestés malgré deux traitements consécutifs à moins de 13 mois d’intervalle et qui ont été assainis.
Sur les 3354 Phoenix canariensis privés, le TEA est de 1,8% alors que pour les 364 palmiers publics nous constatons qu'il est de 5,8 %. Nous en recherchons les causes. Plusieurs hypothèses doivent être analysées : palmiers infestés sans assainissement suffisant avant injection, blessures à la tête du palmier induites lors d'expérimentations de l'injection de Confidor, antérieures à ARECAP.
Sur les 184 Phoenix dactylifera privés, le TEA est de 0% et de 1,7 % sur les 172 Phoenix dactylifera publics.
Sur les 1268 Washingtonia privés le TEA est de 0,24%.
Sur les 252 palmiers d'autres espèces, il est de 0% ce qui justifie le désengagement que nous constatons chez certains propriétaires publics.
Ces résultats confirment, si besoin, la priorité à donner, encore aujourd’hui, aux palmiers Phoenix.
Il reste encore des améliorations à faire :
- pour nettoyer les foyers résiduels situés dans les palmiers infestés qui ne sont pas traités ou des palmiers morts qui ne sont ni étêtés ni abattus par leurs propriétaires bien qu’ils en aient l’obligation légale (arrêté ministériel du 25 juin 2019) ;
- pour éviter des ré-infestations par des palmiers dont le traitement aurait été arrêté ou interrompu trop hâtivement (8 à 10%). On note une augmentation sensible des cas par rapport à 2020 pour l’ensemble des palmiers, toutefois un peu plus faible, en proportion, pour les Phoenix canariensis (351 en 2021, contre 290 en 2020). Les motivations de ces arrêts sont diverses : choix d'un autre traitement ou arrêt du traitement par le propriétaire, changement de propriétaire, manque de réactivité des propriétaires ou difficultés des applicateurs lors des prises de rendez-vous, crise sanitaire, etc..
2/ Surveillance et détection des foyers d'infestation
Pour faire respecter la réglementation en matière de lutte obligatoire contre le charançon rouge du palmier (arrêté ministériel du 25 juin 2019) une surveillance régulière du territoire est effectuée par les agents du service LCN. Lorsqu’un palmier infesté est repéré, ou signalé, une procédure est engagée afin que le propriétaire se conforme à la réglementation dans les délais les plus brefs (15 jours). En 2021, ce type d’intervention a permis de repérer une centaine de foyers de charançons et de faire assainir ou abattre les palmiers infestés par leurs propriétaires.
Propalmes83 participe à cette recherche en apportant son concours à la détection et au signalement des palmiers qui restent infestés sans être traités. Des articles destinés aux propriétaires (publics ou privés), rédigés en collaboration avec Michel Ferry, ont été publiés (voir liens ci-dessous) pour les aider à reconnaître précocement les symptômes d'infestation et à faire assainir leurs palmiers avec les meilleures chances de récupération :
- Comprendre le mode d’infestation du CRP et apprendre à reconnaître les symptômes d'une infestation.
- Traitements des palmiers contre le charançon rouge
3/ Piégeage des charançons rouges
Le réseau des 51 pièges à CRP, installés sur le territoire public depuis 2016 permet de constater une division par 5 du nombre des captures mensuelles aux périodes les plus actives (de juillet à octobre) du charançon entre août 2016 et novembre 2021.
Le piégeage dense urbain « opération 1000 pièges » :
Le réseau initial de 70 pièges installés par FREDON PACA en 2016, dont il ne reste actuellement que 51 pièges, a été étendu à 1051 pièges, tous opérationnels depuis juin 2020, cela grâce aux subventions accordées par le Conseil régional en 2018 ("Opération 500 pièges") puis en 2019 . Ces pièges sont répartis sur le territoire public comme privé d'Estérel Côte d'Azur Agglomération.
Les pièges sont gérés et maintenus en partie par LCN pour les 700 pièges installés sur le territoire public et par des propriétaires privés "bénévoles" dont les palmiers sont traités via ARECAP qui participent à l'opération, pour les autres. Les relevés des captures sont transmis mensuellement sur un formulaire de saisi mis à disposition des participants sur le site d'Estérel Côte d'Azur Agglomération.
Sur la période des vols intensifs du CRP, de juillet à novembre, on constate une chute de 80% du nombre moyen de captures en zone de traitement ARECAP, passant de 12,6 CRPs (en moyenne par piège) en 2018, à 2,6 en 2021.
Depuis 2017, les pièges installés sur le territoire communautaire ont capturé environ 100000 charançons.
Ces pièges renforcent l’action du traitement par injection et contribuent à réduire la population des CRPs. Rappelons que l'injection d'émamectine benzoate dans le stipe des palmiers empêche les oeufs des charançons de s'y développer et transforme ainsi les palmiers en pièges.
Nous encourageons les propriétaires de palmiers à participer à cette opération s’ils le peuvent, sous réserve que leurs palmiers soient traités préventivement dans le cadre d’ARECAP, en s’inscrivant auprès de la Cavem N°Vert 0 800 10 40 11 (appel gratuit). Le piège et les phéromones nécessaires, pour capturer les charançons pendant une saison, sont fournis gratuitement. Les années suivantes les propriétaires doivent renouveler les phéromones (Pherodis – Rhynchophorus ferrugineus) au prix négocié avec la société Bergon dans le cadre de cette opération. Ils peuvent également les trouver au prix du marché dans certaines jardineries.
Conclusion :
La baisse significative du taux d’échecs apparents des traitements qui est constatée, est en cohérence avec celle des captures de charançons ainsi qu'avec l'observation du progrès de l'état sanitaire des palmiers sur le terrain ( beaucoup moins de palmiers infestés). Cela démontre le bien-fondé de la stratégie de "Lutte collective intégrée", promue par Michel Ferry.
Si cette progression sanitaire se confirme en 2022, il deviendrait alors possible d’utiliser les traitements biologiques pour traiter les foyers résiduels isolés du territoire. Cependant tant que les communes voisines ne respecteront pas rigoureusement l'arrêté du 25 juin 2019 qui oblige tout propriétaire de palmiers du territoire national à faire assainir ou abattre ses palmiers infestés, il sera difficile de contenir les flux de charançons en provenance des territoires voisins non engagés dans la lutte. La DRAAF-PACA n'a hélas que des moyens trop limités pour pouvoir faire appliquer cet arrêté.
Dans leur rapport d'octobre 2018, les experts de l'Anses ont fait une erreur d'interprétation et de jugement dont les propriétaires de palmiers des zones méditerranéennes infestées supportent ou auront à supporter les conséquences désastreuses pour la pérennité de leur patimoine végétal.
Pour en savoir plus :
- ARECAP, lutte collective intégrée contre le CRP, résultats campagne 2020
- ARECAP : site internet d'Estérel Côte d'Azur Agglomération
- Arrêté du 25 juin 2019, la lutte contre le charançon rouge reste obligatoire, mais ..
- Le nouvel arrêté du Ministère repose sur un avis de l’Anses très discutable.
Note 1- abandon de la lutte par les autorités sanitaires voir nos articles précédents :
- Arrêté du 25 juin 2019, la lutte contre le charançon rouge reste obligatoire, mais ..
- Arrêté du 25 juin 2019, Propalmes83 écrit au Ministre de l'Agriculture
- L'Anses veut-elle lutter contre la disparition des palmiers sur l'arc méditerranéen ?
- Charançon rouge : histoire d'une faillite des autorités phytosanitaires européennes.